samedi 8 février 2014

SIH - Yokozawa no Baai 3 - Chap 1


Titre: Yokozawa Takafumi no Baai vol.3
Série: Sekai-ichi Hatsukoi
Auteurs: Nakamura Shungiku et Fujisaki Miyako
Rating: Tout Public

Langage: Français
Résumé: Voici le premier chapitre du volume 3 ! Dans quelques semaines, ce sera la sortie du volume 5 et dans un mois, la sortie du film ! Rendez-vous sur la page facebook pour visionner la bande annonce, si ce n'est pas encore fait !
L’excitation est à son comble !!  


                    






La réunion d'aujourd'hui sur les stratégies commerciales avait mis tout le monde à cran. Malgré le réglage au minimum de la climatisation à des fins d'économie d'énergie, il faisait un peu froid. Dans une situation aussi tendue, alors que la plupart préféraient garder le silence, le seul qui continuait encore à délivrer une engueulade minutieuse était Kirishima Zen, le rédacteur en chef du Japun mensuel.

-Tout ce gâchis est de votre faute, à vous tous ! Alors décidez-vous ! Même si ce n'est qu'une petite affaire à l’échelle de la compagnie, pour un auteur, chacun de ses travaux est le produit d’un véritable combat. Montrez un peu plus de sérieux à l'avenir !

Toutes les personnes présentes étaient bien trop terrifiées pour ne serait-ce que regarder Kirishima droit dans les yeux tandis qu'il les massacrait. Peut-être était-ce parce qu'il était habituellement si flegmatique, mais quand le masque tombait, ce mec était tout bonnement glacial. Si même Yokozawa en avait des sueurs froides, alors les autres devaient probablement trembler comme des feuilles.

Prenant ses responsabilités en tant que représentant du département commercial, Yokozawa courba l'échine :
-Nous vous présentons nos plus plates excuses...

Si Yokozawa, largement connu à Marukawa Shoten comme étant « l'Ours sauvage », était sur la défensive depuis le début, c’était parce que tout était de la faute du département commercial. Ils n’avaient remarqué leur effroyable erreur que la veille : plusieurs jours auparavant, il s’était avéré qu’un employé qui venait subitement d’être muté dans une compagnie affiliée, avait énormément de travail en retard. Étant donné que tous les problèmes dans lesquels cet employé était impliqué auraient dû être traités depuis longtemps, Yokozawa et le reste de son équipe s’étaient retrouvés ensevelis sous des montagnes de paperasse.

Naturellement, ce n'était pas dû à une erreur de Yokozawa lui-même, mais l'inaptitude du département commercial avait été décisive, entraînant le reste du service dans sa chute.

Cerise sur le gâteau, le chef du département commercial était parti en vacances à l'étranger la semaine précédente. Donc même s'il restait sur place d'autres responsables commerciaux supérieurs à Yokozawa, ce dernier avait dû prendre en charge les ventes de manga et s'était alors retrouvé en première ligne.

Les gens s’étaient dit que puisque Kirishima et Yokozawa avaient l'air proches, ils pourraient s'en sortir sans trop de dommages, mais l'éditeur n'était pas du genre à mettre de l'eau dans son vin pour une raison aussi triviale.

-Ce qui est fait est fait, alors plutôt que de ruminer sur le désordre que vous avez créé, concentrez-vous plutôt sur les solutions à apporter. Dans un premier temps, apportez-moi une version révisée des contrats de vente d'ici la fin de la journée.

N'en croyant pas ses oreilles, Yokozawa renvoya la question à l'homme qui lui faisait face :
-D'ici la fin de... cette journée ?

Il était pratiquement impossible de revoir d'un bout à l'autre en une demi-journée une série de contrats de vente qui avaient pris des mois à élaborer à la base. En plus, il leur restait tout de même beaucoup d’autres problèmes dont ils devaient encore s'occuper pour réparer leurs erreurs.

-Tu m'as très bien entendu. Si nous ne remettons pas les choses dans l'ordre d'ici la publication des nouveaux tomes, tout notre travail n'aura servi à rien.

Face à l'implacable logique de Kirishima, les commerciaux assis de part et d’autre de Yokozawa, tremblants, retenaient leur souffle.

-... Je m'en occuperai, alors.

Si ça n'avait tenu qu'à lui, Yokozawa aurait continué à échanger des réparties caustiques avec Kirishima, mais pour sauver la face, il n'avait pas d'autre choix que de courber l'échine et de céder. On l’avait entraîné dans la bataille en le suppliant de ne pas envenimer le problème, aussi Yokozawa brûlait-il de frustration de ne pas pouvoir répondre autre chose que ces mots peu enthousiastes.

-C'est quoi cette réponse si peu convaincante ? Si tu es si « occupé » que tu ne peux même pas prendre quelques jours de congé, tu ne devrais pas avoir trop de problèmes pour régler la situation, non ? Tu es marié à ton travail après tout, hein ? insista Kirishima, observant Yokozawa déglutir péniblement.

-.......!

-Je te le demande personnellement. A toi. Peux-tu le faire oui ou non ? Quelle est ta réponse ?

-... D'accord. Dans ce cas, je te le remettrai d'ici la fin de la journée, sans faute, admit finalement Yokozawa, les poings serrés.

Ses collègues soupirèrent furtivement de soulagement.
Mais maintenant, c'était une affaire de fierté personnelle pour Yokozawa. On pourrait le lui reprocher plus tard, mais à présent, tout ce qu'il voulait faire, c’était de se charger du problème en personne.

Kirishima n'était pas du genre à faire des demandes impossibles à honorer. La raison précise pour laquelle il insistait tant sur ce problème était probablement parce que c'était à Yokozawa qu’il s’adressait. De plus, Kirishima avait raison sur un point : s'ils n'agissaient pas maintenant, la société souffrirait de pertes significatives.

Si l'employé en faute avait été un des subordonnés de Yokozawa, ce type d'erreur stupide ne serait jamais arrivé à la base. Mais d’une part, il ne pouvait pas se permettre de critiquer son supérieur, et d'autre part, la personne fautive s'était déjà montrée capable d'être plutôt efficace dans son travail.

Du fait de son incroyable capacité à détourner une conversation, néanmoins, la plupart des choses qui entouraient l’employé en question étaient floues. Ce n'était que récemment qu'il avait été révélé qu'il confiait en fait ses tâches à des petits nouveaux crédules, puis s’attribuait le mérite de leur travail. Par-dessus le marché, il y avait des rumeurs de détournement de fonds.

On n’avait pas informé Yokozawa et son groupe de la raison pour laquelle l'homme avait été muté, mais cela avait probablement à voir avec l’accumulation de ces incidents. En fait, ils avaient réalisé tout ce qu'il s'était passé vraiment sur le tard, et les regrets du type « si seulement on l'avait compris plus tôt » ne s'étaient qu'intensifiés au fil des découvertes.

Yokozawa s'était targué d'avoir gravi les échelons, en ayant accédé au poste de superviseur des ventes de manga, à un meilleur rang qu'un homme d'âge et d'expérience supérieurs. Mais étant donné la situation, il redoutait à présent que ses supérieurs regrettent de lui avoir confié autant de responsabilités.

Au moment où la réunion prit fin, tous les employés se dispersèrent en quelques secondes, probablement impatients de quitter cette atmosphère pesante.
Yokozawa aurait aimé faire de même, mais il avait encore un mot à dire à Kirishima. Il jeta un coup d’œil autour d'eux pour vérifier qu'ils étaient bien seuls dans la salle de réunion, avant d’interpeller l'homme qui était toujours assis face à lui.

-Kirishima-san !

-Hm ?

-Un mot en privé, si ça ne te dérange pas ?

Même s’il s’était déjà assuré que la porte était fermée, il parla à voix basse au cas où quelqu'un traînerait encore à proximité de la salle. Il ne pouvait absolument pas se permettre que quelqu'un entende la conversation qu'ils s'apprêtaient à avoir.
Il inspira longuement, puis lança :

-Je suis vraiment... désolé pour toute cette histoire et tu es parfaitement en droit de me sermonner à ce propos… mais j’apprécierais que tu n’abordes pas tes problèmes personnels en réunion.

-Ah, tu l'as donc remarqué ?

Kirishima se gratta l'arrière du crâne comme intentionnellement, son regard glissant sur le côté. Son expression n’avait plus la moindre trace de la froide indifférence qu’il affichait quelques moments auparavant. Soulagé par cette observation, Yokozawa s'autorisa à lâcher un soupir.

-Comme si j'avais pu le rater !

Dieu merci, il semblait que personne d'autre ne l'avait remarqué, mais Yokozawa avait relevé le sarcasme subtil dans les mots de Kirishima.

Tout ce manège de « marié à ton boulot » avait probablement été amené dans la conversation pour répondre à ce que Yokozawa avait affirmé la veille – à savoir : qu'il aurait du mal à prendre quelques jours de vacances.

Plusieurs années auparavant, Marukawa shoten avait instauré un système qui obligeait les employés à présenter à l’avance leur demande de jours de vacances afin d'organiser les plannings de travail. Kirishima avait suggéré qu'ils accordent leurs congés pour partir ensemble en voyage, mais Yokozawa ne savait pas quand il pourrait se défausser du travail dont il était chargé actuellement, donc il avait dû refuser la proposition pour l'instant.

Yokozawa avait endossé beaucoup de responsabilités dont l'employé muté avait été chargé, et il y avait peu d'espoir qu'il arrive à tout remettre en ordre en seulement quelques jours. En plus, quand ils avaient abordé hier la possibilité de prendre des vacances, ils ne savaient alors rien des problèmes dont ils venaient de discuter dans la réunion d’aujourd’hui.

-Mais tu es tellement mignon quand tu t’inquiètes… je n'ai pas pu m'en empêcher.

-Ne crois pas que tu peux t'en sortir avec un « J’ai pas pu m'en empêcher » !

Bien sûr, si Yokozawa pouvait avoir une conversation aussi franche avec quelqu'un qui était techniquement son supérieur hiérarchique, c’était grâce à la relation secrète qu’ils entretenaient. Bien que personne à part eux ne fût au courant, ça ne les empêchait de sortir ensemble depuis plusieurs mois déjà. En dépit de l'étrangeté de la situation, c'était néanmoins la pure vérité.

-C'est de ta faute, c’est parce que tu es si froiiiiiid, répliqua Kirishima, l'air boudeur, quand Yokozawa éleva la voix sans s'en rendre compte.

La réaction de Kirishima l'irrita davantage. Il était probable que personne ne s'imaginait que ce rédacteur en chef si charismatique, qui arrivait à contrôler sa brigade d’éditeurs individualistes avec autant de panache, pouvait se comporter de façon aussi puérile… et Yokozawa ne comptait plus les fois où il avait souhaité pouvoir capturer ces moments avec un appareil photo pour les montrer à ses collègues.

Avec un corps musclé et une taille suffisante pour rivaliser avec le mètre quatre-vingt de Yokozawa, personne ne pouvait nier qu’il était séduisant. Il dégageait beaucoup de sérénité avec sa trentaine bien entamée. Enfin, la voix qui passait ses lèvres minces, avec son timbre grave si doux, était superbe.

Malgré tout, même s'il faisait preuve d'un certain self-control dans le cadre de son travail, et ce, quels que soient les problèmes, il exprimait une palette d'émotions étonnamment large en privé. Kirishima était tellement maladroit qu'il ne pouvait même pas peler une pomme et, pour couronner le tout, il était enclin à une intense jalousie. Peut-être que les seuls qui avaient connaissance de cette facette de Kirishima étaient sa famille et Yokozawa.

-C'est pas comme si j'avais le choix… après notre discussion d’hier, si je ne règle pas cette histoire au plus vite, tu vas continuer de la remettre sur le tapis à chaque fois.

-Le travail et la vie privée sont deux choses différentes.

-…dit le mec qui les a superbement mélangées y'a même pas cinq minutes ?

-J’ai fait ça, moi...?

-... Pffff, franchement...

Les sourcils de Yokozawa se froncèrent nettement à la chicane insistante et illogique de Kirishima. Il se massa les tempes.

Le problème en question avait surgi la veille au soir au moment même où le couple rentrait à la maison, alors qu'ils discutaient de leurs hypothétiques vacances communes. Yokozawa n'avait pas vraiment eu d'autre choix que de rejeter la proposition, mettant Kirishima de très mauvaise humeur.

Après avoir reçu l'appel du bureau, Yokozawa avait dû quitter Kirishima. Il s'était hâté de retourner au travail, où il était resté avec ses collègues jusqu'à tard dans la soirée, à vérifier encore et encore des documents, le tout sans être capable de joindre l'employé en question. Ils avaient fini par gâcher toute leur soirée.

-Je suis désolé mais… peux-tu attendre pour cette histoire de vacances que toute cette affaire soit réglée ? Je ne peux tout de même pas tout lâcher d’un coup pour partir en voyage avec toi en ce moment.

-Ouais, ouais, je sais… mais merde, j'arrive pas à croire que ce trou du cul se soit barré en laissant tout le monde nettoyer sa merde...

Même s’il aurait pu comprendre la situation, il était évident qu'il n'arrivait pas à contenir sa colère. Son coup de sang sur Yokozawa semblait n'avoir été qu'une conséquence de cette situation fâcheuse.

-Bon, je vais retourner à mon étage et arranger les choses avec mon équipe, alors retourne à ton bureau et restes-y. Il va falloir que tu fasses preuve de patience… Malheureusement, je ne pourrai pas te laisser partir tôt ce soir.

En réalité, c’était à Hiyori qu’il aurait fallu présenter des excuses pour avoir contraint son père à rentrer tard à la maison.

-Oh, fais-moi aussi un rapport de l'état des choses demain dans la journée. Je suis sûr qu'il y a un tas de problèmes que tu dois aborder, alors envoie-moi les informations que tu possèdes avant de partir ce soir.

-Hein?

-Je parlerai avec l'équipe d'édition pour voir s’ils pourront vous aider, et je t'appellerai plus tard. Fais-moi sonner sur mon poste si tu as besoin de me demander quoi que ce soit ; je ferai en sorte d'être disponible.

Le soudain changement d'humeur de Kirishima laissa Yokozawa coi. Est-ce qu'il s’imaginait des choses, ou est-ce que c’était complètement différent de ce qui avait été discuté durant la réunion ?

-Mais, tu as dit plus tôt que...

-Nan, je voulais juste mettre un coup de pression sur tes commerciaux… je veux dire, mes gars doivent trouver comment expliquer ça aux auteurs maintenant, tu sais ? En plus avec ton chef en congé, vous aviez besoin de quelqu'un pour vous mettre des coups de pied au cul. J'en ai remarqué certains qui se laissaient aller, dernièrement. Désolé que ce soit tombé sur toi.

-Oh... Non, c'est... vraiment, ça va.

Il avait été pris au dépourvu. Il ne s’était pas attendu à ce que Kirishima s'excuse !
Mais comme l'avait fait remarquer ce dernier, il ne pouvait pas nier que la tension entre eux avait baissé de quelques crans.

-C’est juste que je ne voulais pas qu'ils pensent qu’il suffisait de te mettre en première ligne pour que tout s’arrange comme par magie. Ils se reposent beaucoup trop sur toi, tu sais.

-........ !

Yokozawa resta bouche bée quand il réalisa enfin ce qui avait mis Kirishima d'une aussi mauvaise humeur. Il avait manifestement adopté cette attitude en parfaite connaissance de ce qui s'était passé autour du commercial. Même si leur conversation de la veille avait sans aucun doute attisé son irritation envers Yokozawa, il avait dû être tout aussi frustré que son équipe ait amené Yokozawa pour servir de punching-ball.

-Ma mère s'occupe de Hiyo ce soir, donc tu n'as pas à te faire de soucis pour ça.

Les parents de Kirishima habitaient à deux pas de chez lui. C'était d’ailleurs en grande partie grâce à leur aide qu'il avait été capable d'élever sa fille tout en menant une si belle carrière professionnelle. Sa mère était une femme enjouée et intelligente, qui traitait Yokozawa avec toute la gentillesse du monde même s'il faisait office de squatteur chez Kirishima. Quoiqu'il n'ait jamais rencontré le père de Kirishima, il avait cru comprendre que, contrairement à son fils, il était plutôt taciturne.

-D'accord. Je suis sûr que je resterai travailler tard moi aussi, donc je rentrerai directement chez moi quand j'aurai fini. Ça te dérangerait de t'occuper de Sorata à la maison ?

-Bien sûr que non, je prendrai soin de lui. Je sais que t'as beaucoup à faire… mais je compte sur toi.

-Attends, pour qui tu me prends ?

-Dans ce cas, j'attends de grandes choses de toi, Takafumi.

-.........!

Yokozawa sentit un frisson le traverser quand Kirishima le fixa sans ciller en se levant. L'usage nonchalant de son prénom l'avait troublé. Même si habituellement il s'efforçait toujours de garder une attitude détachée, il n’arrivait jamais à rester stoïque face à Kirishima. C'était plus que frustrant cette impression d'être un écolier face à son premier amour… mais cette gêne ne subsista pas longtemps.
-Pfiou, c’est vraiment arrivé au pire moment. Enfin, je suppose qu'on ne peut rien y faire… il ne nous reste plus qu'à parler de ça plus tard.

- …?! Ne pince pas les fesses des gens en passant!

Le geste déplacé de Kirishima gâcha complètement l’atmosphère romantique et dissipa toute chaleur qui commençait à envahir sa poitrine. Il repoussa la main de Kirishima et recula de quelques pas pour s'assurer que le gars ne se permettrait plus cette familiarité.

-Quel est le problème ? Je joue juste à pincer les fesses de mon amant… oh oui, c’est vrai : t'es marié à ton travail, c'est ça ?

-Ça suffit !

Au coup de sang de Yokozawa, Kirishima éclata de rire. Même s'il savait que ça n'arriverait jamais, il souhaitait sérieusement qu'il arrête de jouer avec lui de cette façon. Parfois il était presque impossible de savoir si les mots et les actes de Kirishima n’étaient que des plaisanteries : était-il vraiment si à l'aise, ou n’était-ce qu’une façade ? Il n'y avait aucun moyen de le dire.

Quoi qu'il en soit, ça ne changeait rien au fait que Yokozawa n'avait aucune idée de comment lui répondre dans ces moments-là.

-Ah...

Au moment où il laissa échapper un soupir, il se souvint subitement qu'il avait quelque chose à dire à Kirishima. Il avait voulu aborder la question la veille au soir, mais avec toute cette histoire, il n'en avait pas eu le temps.

Il ouvrit la bouche pour parler, mais c'est à ce moment-là que la sonnerie du téléphone de Kirishima retentit dans la salle de réunion, alors il referma la bouche.
Si c'était un appel qui concernait le boulot, ça ne serait pas correct de l’empêcher de répondre. Il avait vraiment envie de se débarrasser de ça avant que Kirishima retourne à son bureau, mais il semblait qu'il avait encore laissé passer sa chance.

-Oui, Kirishima à l'appareil. Ah, Kyou-san. Quel est le problème ? C'est rare que tu m'appelles sur mon portable.

Il semblait que la personne au bout du fil était Ijuuin Kyou, auteur du manga best-seller de Marukawa Shoten, Za Kan, dont Kirishima était l’éditeur attitré depuis quelques années déjà. 
Tandis que la plupart des auteurs avaient tendance à changer d'éditeur au cours du temps, seul Ijuuin avait gardé le même. Yokozawa ne comprenait pas exactement les détails, mais il savait qu'ils se connaissaient avant même qu'il ne rejoigne la compagnie, donc cela faisait déjà un certain temps.

Ijuuin semblait avoir la fâcheuse habitude de perdre pied quand la date limite approchait et Kirishima était le seul à pouvoir le rassurer à ce stade. Parfois il lui infligeait de furieux reproches, parfois il le ménageait avec tact... mais il arrivait toujours à lui soutirer un manuscrit d'une manière ou d'une autre. Ça ne serait pas exagéré de le qualifier de « dompteur » à ce niveau.

Les auteurs ont tendance à être excentriques et assez égocentriques, mais rares étaient ceux avec qui il était atrocement difficile de travailler – même si Usami Akihiko, l'auteur de romans, faisait exception. Si Yokozawa n'avait jamais été lui-même témoin de son mauvais caractère, il avait souvent entendu nombre de rumeurs colporter les plaintes de son éditrice.

Pour qu’ils mettent autant d'effort à soutirer des manuscrits de ces auteurs-là, leur travail devait être extrêmement fascinant… et cacher cette facette insoupçonnée aux lecteurs était un des rôles de la maison d'édition. Yokozawa lui-même pensait qu’une maison d'édition devait faire absolument de son mieux pour conserver les parties les moins reluisantes du processus de création d'un ouvrage hors de vue du public.

Quoiqu’un auteur et son travail soient deux créatures totalement différentes, si un auteur donnait l’impression d’être trop étrange ou trop sévère, il courrait le risque que son travail ne soit pas reçu de manière adéquate par les lecteurs. Et après tout, les lecteurs avaient le droit d'apprécier leurs œuvres le plus purement et simplement possible.

-Je suis sûr que je peux m'arranger pour avoir du temps libre demain, donc je viendrai en personne. Ça devrait être plus rapide. Qu'en est-il de ton emploi du temps ?

Yokozawa ne pouvait pas discerner la voix d'Ijuuin au téléphone, mais il pouvait déduire ce qu'il se passait avec la moitié de la conversation qu'il entendait. En tant que rédacteur et auteur ayant travaillé ensemble aussi longtemps, les deux types ne semblaient pas être de simples associés, mais de véritables partenaires.
Peut-être que la confiance qui régnait entre eux leur laissait la possibilité de se montrer leurs faiblesses et d’aborder chaque problème par une discussion franche. Ils avaient probablement... traversé beaucoup de choses ensemble ainsi.

Il avait souvent entendu parler des aptitudes sans failles de Kirishima au travail, mais c'était seulement récemment qu'il avait commencé à vraiment l’observer quand il était en mode « travail ».

Puisqu’ils se connaissaient depuis si longtemps, ce type d'interaction n’avait rien de surprenant, mais quand il se disait qu’Ijuuin, très probablement, connaissait une facette de Kirishima qu'il ignorait... étrangement, cela le déprimait un peu.

-........

C'était étrange, comme si quelque chose lui était resté en travers de la gorge. Il avait l’impression que s'il ouvrait la bouche, sans faire attention, il laisserait échapper un profond soupir mélancolique. Il avait beau se répéter que ce n’était qu’un auteur dont Kirishima avait la charge qui était à l'autre bout du fil, mais cette relation qu'ils entretenaient et dont il était exclu, produisait quand même en lui un sentiment étrange. Il devait vraiment avoir un problème, aujourd'hui, pour se prendre autant la tête sur une conversation téléphonique d'ordre strictement professionnel.

Il ne savait que trop bien à quel point il pouvait perdre les pédales en amour et c'est précisément ce qui l'énervait le plus chez lui.

-... Je m'en vais.

De toute évidence, la conversation n’était pas prête de finir. Aussi, sans attendre de réponse de Kirishima, il quitta rapidement la pièce.

11 commentaires:

  1. Yokozawa en mode jalous ! <3 Trop chou j'adore ! ça fait du bien de le voir comme ça... Kirishima est toujours aussi méchant avec lui, c'est cute *oui, j'ai une conception bizarre du cute, j'assume :p *

    Merci merci pour ce nouveau chapitre ! *toujours aussi impatiente de lire la suite*

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  2. vraiment merciiiii ! vous avez égaillé ma journée *_* vivement la suite !!!!

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  3. Yokozawa est jaloux c'est trop mignon >_<
    Ah ça fait du bien de retrouver ce magnifique couple <3

    Merci beaucoup à la nouvelle traductrice et à toute l'équipe ^3^

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  4. Trop bien !!!! Ils sont vraiment trop chou c'est deux là ! <3 <3 <3
    J'ai vraiment hâte de lire la suite =)

    Merci beaucoup pour le travail !

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  5. Merci pour ce nouveau chapitre de voir enfin yokozawa jaloux donne envie de lire la suite avec impatience ! !

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  6. Yokazawa est jaloux lui aussi ... et oui on a envie de savoir la suite.
    Merci pour ce nouveau chapitre. Et un merci particulier a la nouvelle personne qui est venue vous aider pour que nous puissions lire ce tome.

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  7. Je souhaite la bienvenue à la nouvelle traductrice et un GRAND merci à toute l'équipe pour nous offrir la traduction de cette merveilleuse histoire !!! Franchement je vous aime les filles T___T <3
    Bref c'était un superbe chapitre... comme toujours ! Ces deux là sont incroyablement mignon et Kiri qui pince les fesses de Yoko... J'aime ça muhahahahaha <3
    Après, la petite histoire comme quoi Yokozawa était un punching ball m'a touché, surtout en voyant la réaction de son namoureux :3 j'aime pas trop le patron de Yoko >__> et bien sur le voir jaloux c'est assez marrant hehe :P
    Je suis juste trop impatiente de voir la suite (^o^)/ ! Merci encore pour votre travail !

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  8. kyaaa ! merci pour ce chapitre >w< !!
    ca fait du bien de revoir Kirishima et yokozawa se chamailler *w*
    (mwahaha il l'a appelé par son prénom ! >//w//<) Yokozawa jaloux c'est juste exellent ! ^^'
    j'ai hate de lire la suite ! encore merci pour cette traduction !! <3

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  9. Excellent Travail, j'ai Kiffé !! Merci à Vous !!

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  10. Entre Kirishima qui s'amuse à lancer des piques à Yoko en public et Yoko qui devient jaloux ça promet d'être plus qu'interessant ce roman. Merci pour la traduction

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  11. Oooooooh la petite référence à Usagi-san ! I'm happy !!! Yokozawa est trop chou en jaloux qui s'ignore. La suite risque d'être piquante et je vois déjà l'averse de quiproquo arriver. J'adore quand il se comprennent pas, qu'ils se disputent et qu'ils se réconcilient. Parce que leurs réconciliations valent de l'or ! Et puis tout le monde sait que c'est les réconciliations les meilleurs moment dans les livres (tous genres confondus) *monde perverse : ON*

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