lundi 8 juillet 2013

SIH - Yokozawa no Baai 2 - chap 1


Titre: Yokozawa Takafumi no Baai vol.2
Série: Sekai-ichi Hatsukoi
Auteurs: Nakamura Shungiku et Fujisaki Miyako
Rating: Tout Public
Langage: Français
Résumé: Voici le premier chapitre du tome 2 ! L'histoire se déroule donc juste aprés la seconde histoire courte. Bonne lecture ! Dans ce chapitre, Yokozawa joue au preux chevalier ^^










A l'instant où il quitta la librairie climatisée, le corps entier de Yokozawa fut submergé par une moiteur étouffante.
Les pics de chaleur s’étaient enchaînés depuis le début Juillet, mais ce jour-là, les températures étaient particulièrement insupportables. Depuis quelques jours, il faisait si chaud qu'il avait troqué ses chemises à manches longues pour celles à manches courtes. Mais déambuler ainsi de librairie en librairie dans cette chaleur pesante le faisait dégouliner de sueur.

Il portait sur son bras gauche la veste de son costume qu’il n'avait pas portée de toute la journée. Même si le soleil allait d’ici peu se coucher, l'humidité ambiante gênait encore sa respiration. Compte tenu de ces températures, il s'inquiétait de la tournure qu'allait prendre le mois d’août. Il en avait déjà assez de cette canicule qui n'en finissait plus.

-Purée, j'ai trop besoin de boire une bière !

-Ouais, allons faire un saut dans un Beer garden !

Un groupe d'hommes d'affaires qui sortaient visiblement du bureau croisa le chemin de Yokozawa. Leur conversation convergeait parfaitement avec ses pensées.
Il refoula cependant la tentation de les suivre et saisit plutôt son téléphone cellulaire pour appeler le bureau.

-Oui ? Département Commercial de Marukawa Shoten, j'écoute ! claironna la voix guillerette de son subordonné à l'autre bout du fil.

Le bruit de fond informa Yokozawa que la plupart de ses collègues étaient encore à leur poste.

-Henmi ? C'est Yokozawa.

-Ah ! Merci pour votre travail !

-Je viens de terminer à la librairie. Rien de nouveau pendant mon absence ?

-Non, rien de particulier. Comment ça s'est passé de votre côté ?

-On a réussi à se mettre d'accord pour l'opération promotionnelle. Je te transmettrai tous les détails la semaine prochaine. J'ai fini pour aujourd'hui, alors je vais rentrer chez moi. Tu peux pointer pour moi ?

Il était temps pour lui de quitter le travail ce soir-là puisqu’il n'avait pas de rendez-vous avec un client ni de sortie planifiée avec un de ses supérieurs.

-Compris !

-Ça marche, bonne soirée.

Il mit fin à son appel et desserra le nœud de sa cravate en cheminant vers la gare.

Bien qu'il ait précisé à Henmi qu'il rentrait chez lui, il ne prenait pas, à cet instant, la direction de son appartement. Au moment où il allait éteindre son téléphone, il se souvint soudain qu'il devait passer un coup de fil pour prévenir une certaine personne quand il aurait fini le travail.

Vu que Kirishima et lui allaient au même endroit, Yokozawa ne voyait pas l’intérêt de se retrouver avant pour faire le chemin ensemble. Mais le faire remarquer ne serait qu’une occasion de plus de se faire taquiner par Kirishima. Il l’imaginait déjà lui dire, le sourire en coin : « Quoi ? Tu es gêné de faire le trajet avec moi jusqu’à la maison ? » et il n’aurait su quoi répondre.
Alors il composa son numéro, un peu hésitant, et après quelques secondes, son interlocuteur décrocha.

-Euh... c'est moi.

Il appréhendait la façon de commencer leurs conversations téléphoniques depuis un certain temps.
Il savait bien qu'il aurait pu lui parler comme à un de ses collègues de travail mais ce serait malgré tout un peu bizarre.
Bien entendu, il faisait preuve de la politesse qui lui était due durant leurs réunions et leurs rapports n'avaient pas véritablement changé à cet égard.
Mais appeler Kirishima dans le cadre d'une conversation privée comme celle-ci lui procurait un grand sentiment de malaise.

-Le boulot s'est bien passé ? Tu as terminé ?

-Ouais. En fait, on a même fini plus tôt que prévu.


La voix à l'autre bout de la ligne était celle de Kirishima Zen, le rédacteur-en-chef du mensuel Japun. C’était aussi l'éditeur principal d'Ijuuin Kyou, le mangaka à succès des éditions Marukawa, créateur du manga Za Kan.
On ne pouvait qu’être impressionné par ses prouesses d’éditeur, mais aussi par sa maîtrise de la qualité nécessaire d’un bon chef d’équipe : son charisme, capable de diriger avec brio ses troupes d'éditeurs, plus individualistes les uns que les autres.
Yokozawa pensait souvent qu’il était trop pointilleux dans son travail, mais de toute évidence, c’était cette qualité qui poussait les auteurs dont il avait la charge à lui vouer une confiance aveugle. Comme Yokozawa ne pouvait en dire autant à son sujet, il éprouvait un grand respect pour lui.

On dit souvent que la nature n'accorde jamais deux talents à quelqu'un, mais Kirishima était non seulement doté d'une éthique impeccable, mais aussi d’un physique pas désagréable.
Il était assez grand, arborait un beau visage harmonieux et un corps bien proportionné. Son air juvénile rendait souvent difficile de lui donner son âge (il dépassait en réalité la trentaine) et Yokozawa ne l'avait jamais vu (non, pas une seule fois) négligé au travail : il gardait en permanence un parfait contrôle sur lui-même.
Ces derniers temps, Yokozawa s’était même surpris à trouver… plutôt belle – même si elle l’agaçait souvent – sa voix calme et douce s’échappant de ses lèvres minces lorsque, murmurée à son oreille, elle parvenait à le troubler.

… Pourtant, Kirishima était loin d’être parfait. En fait, son principal défaut était sa personnalité.

Même s’il le montrait rarement, il avait un passe-temps très énervant : il adorait taquiner les gens fiers. Yokozawa en faisait souvent les frais et il semblait être devenu son « joujou » favori. Mais même en sachant pertinemment que le jeu continuerait de plus belle s’il réagissait de manière excessive à ses taquineries, Yokozawa ne parvenait jamais à garder un visage impassible dans de telles situations.

A son crédit, Kirishima connaissait néanmoins les limites à ne pas franchir avec lui et il n'avait jamais fait ou dit quoi que ce soit de déplacé à l’égard de Yokozawa. Incapable de se fâcher sérieusement contre lui, Yokozawa était donc le jouet idéal.

Cinq mois plus tôt, ils ne s’étaient jamais parlé en dehors du travail. C’était son cœur brisé qui l'avait rapproché de Kirishima. Après toutes ces années d'amour à sens unique, Kirishima était apparu dans sa vie au moment précis où il commençait à s’apitoyer sur son sort.
Il ne se souvenait plus très bien de cette fameuse nuit mais il pensait néanmoins que c’était la présence de Kirishima à ses côtés qui lui avait permis de remonter la pente. Il était mortifié aujourd'hui au souvenir de tout ce qu’il avait fait pour tenter de fuir la douleur. Mais il se consolait en se disant qu'il avait enfin pu tirer un trait sur tout ça, que tout faisait désormais partie du passé.

-Tu as vraiment l'air de bonne humeur, il s'est passé quelque chose de plaisant aujourd'hui ?

La voix grave de Kirishima qui s'échappait du téléphone était presque imperceptible. C’était une sensation étrange, comme s’il lui murmurait doucement à l’oreille.
Il n'avait jamais ressenti une telle chose lors de leurs précédentes conversations téléphoniques. Il n'arrivait pas à savoir si c’était parce que c’était Kirishima ou si c'était sa façon de lui parler à cet instant.
Il n’arrivait même pas à déterminer si c’était juste lui qui se faisait des idées.

-Nous avons passé la journée à préparer cet événement à la boutique. C'est grâce à toi si ça se passe si bien. Tu m'as vraiment donné un bon coup de main.

En effet, si la librairie avait accepté cette proposition d’événement, c’était parce qu'elle avait obtenu l'aval de Marukawa pour l'organisation d'une séance de dédicaces avec l’auteur, l'utilisation d'illustrations originales pour des produits dérivés et d’esquisses de nouveaux travaux – tout cela grâce au tact de Kirishima qui était parvenu à convaincre l’auteur. Yokozawa savait bien que s’il s’était occupé de tout cela tout seul, les livres auraient pu très bien se vendre, mais en tant que commercial, sa priorité était de vendre le plus possible.
Se servir de toutes les cartes à sa disposition était la meilleure des stratégies pour le vendeur qu'il était.

-Je n'ai rien fait du tout. Tout ça, c'est grâce à la coopération de l'auteur et à ton travail acharné. Tu as très bien bossé.

-Je... je n'ai fait que mon travail.

Les gens faisaient rarement ainsi l'éloge de Yokozawa. Même s’il savait qu'il travaillait deux fois plus que les autres (ses résultats en étaient la preuve), il n’était pas le genre de personne que l’on complimentait facilement. Mais Kirishima lui faisait souvent ce genre de réflexions sans réfléchir et avec une telle sincérité que cela mettait Yokozawa mal à l’aise.
Il se demandait parfois s’il réussirait un jour à s’y habituer.

-Roh, tu ne peux pas recevoir un compliment sans en faire toute une histoire ? A moins que tu ne préfères quand je te taquine… ?

-J’ai jamais dit ça ! C’est bon, c’est bon, j’accepte…

Pourquoi ne pouvait-il pas simplement dire « merci » ? Pourquoi agissait-il toujours comme un collégien têtu avec lui ? Malheureusement, en avoir conscience ne l’aidait pas.

Il avait travaillé dur, c’était une évidence, mais ce n’était pas comme s’il avait besoin de reconnaissance. Pourtant… voir son dur labeur félicité était plutôt agréable et entendre ces compliments de la part de quelqu'un qu'il respectait autant était encore meilleur.

-Alors qu'est-ce que tu fais ? Tu rentres au bureau ?

Kirishima ne sembla pas le moins du monde irrité par le changement de sujet de Yokozawa. Ce dernier se demanda si cela signifiait que l'autre avait conscience de sa nature impulsive ou si, une fois encore, Yokozawa réfléchissait beaucoup trop.
De toute façon, cette question ne valait pas la peine d’être abordée.

-Non, je me dirige vers la maison maintenant. J'y serai dans une demi-heure…

-Alors on peut se retrouver devant la supérette en face de la station de chez moi ? Je suis sur le point de quitter le bureau. Tu y seras probablement avant moi, tu pourras m'y attendre ?

-D'accord.

Après avoir décidé de leur point de rendez-vous, Yokozawa mit fin à la conversation au moment même où il arrivait à la gare.
Ces derniers temps, il avait passé tous ses week-ends chez Kirishima. En fait, l'idée d'abuser de son hospitalité ne lui plaisait pas beaucoup, mais il se retrouvait toujours coincé lorsqu' Hiyori, la fille de Kirishima, lui disait « au revoir, à bientôt ! »

C’était parce que le chat de Yokozawa, Sorata, était tombé malade, qu’il avait commencé à passer beaucoup de temps là-bas. Hiyori s’était en quelque sorte chargée de s'occuper de lui et Yokozawa s'était, malgré lui, retrouvé pris lui-même en charge par la famille Kirishima.
Depuis lors, Sorata s’était remarquablement attaché à Hiyori, si bien qu'il avait élu résidence dans l'appartement des Kirishima. Lorsqu'il venait accueillir Yokozawa à la porte de la maison, il se comportait comme s’il était chez lui.

Après avoir acheté quelques sucreries pour Hiyori dans la zone commerçante souterraine, Yokozawa se dirigea vers le quai, où le train attendait déjà. Il monta dans un wagon plein à craquer de banlieusards qui regagnaient leur domicile en ce début de soirée. Tout en tenant son paquet au-dessus de sa tête pour empêcher les gâteaux de se faire écraser, il réussit à trouver une place entre deux voyageurs.
Même si le wagon n’était pas totalement plein, il était pratiquement impossible de se déplacer sans bousculer quelqu'un, donnant à Yokozawa le sentiment d’être coincé dans une boîte à sardines.

L'air conditionné fonctionnait, mais étant donné la masse compacte d'individus qui s’entassait dans ce lieu exigu, l'air environnant restait humide et étouffant. Yokozawa avait une bonne tête de plus que la plupart des gens autour de lui, il avait donc la chance de pouvoir respirer plus facilement que ses voisins, mais il n’en avait pas vraiment moins chaud. Il tendit la main pour s’agripper à une barre au-dessus de sa tête et repéra le visage vraiment pâle d'une jeune femme qui se trouvait non loin de lui.

-... ?

Peut-être se sentait-elle mal à cause de la chaleur ?
Elle se cramponnait fermement à la rambarde à côté de la porte du wagon et son visage était d'une étrange rigidité. Même si à première vue, la jeune femme semblait souffrir du manque d'espace et de la chaleur étouffante, Yokozawa finit par réaliser la véritable raison de son mal-être. Un homme, visiblement un homme d'affaires, qui se tenait dans son dos, semblait s’appuyer contre elle de façon indécente et à chaque balancement du train, il se frottait contre elle avec insistance.

De l'endroit où se tenait Yokozawa, il était difficile de voir clairement ce qu'il se passait.
Il hésitait à intervenir, ne se sentant pas sûr de ce qu'il redoutait, quand tout à coup, il vit l’homme glisser sa main lentement le long de la cuisse de la jeune femme.

-Mais qu'est-ce que vous êtes en train de faire ?

A la seconde où il réalisa qu'un tel acte de bassesse se produisait sous ses yeux, la colère jaillit en lui et il poussa les passagers qui se trouvaient sur son chemin pour attraper la main du pervers.

-Qu'est-ce que ça veut dire ?!

Les passagers du wagon se mirent à murmurer frénétiquement, puis se turent brusquement, observant en retenant leur souffle Yokozawa faire face à l'homme.

Se souciant peu des regards ébahis, Yokozawa plissa les yeux et cracha :
-C'est bien ce que j'aimerais savoir. Vous étiez tout juste en train d'abuser de cette jeune femme, n'est-ce pas ?

-Bien sûr que non ! Je vous prierai de ne pas proférer de telles accusations !

-Alors, pourquoi ne pas lui demander directement ? Si ce n'est pas le cas, je vous présenterai volontiers mes excuses. Vous a-t-il touché ?

-Oui... il... il l'a fait...

Sa voix était à peine plus forte que le bourdonnement d'un moustique, mais son aveu était sans équivoque. Les yeux brouillés par les larmes, elle jeta à son agresseur un regard noir mêlant peur et colère.

C’était maintenant au tour de l'homme de devenir pâle comme un linge. Il avait bien compris qu’il ne pouvait plus nier à présent ce que la pauvre jeune fille venait d’avouer. Alors il balbutia des excuses, la mâchoire serrée :
-Le train est bondé… et je l'ai touchée accidentellement, c'est tout ! Je n'ai pas fait exprès !

-Si vous ne l'avez pas fait exprès, alors comment j’ai réussi à voir votre main la toucher de l'endroit où je me trouvais ? C'est un peu suspicieux, non ? Dans tous les cas, vous allez descendre à la prochaine station.

-Je vous l'ai dit, c’était parce que le train…

-Oui, je serai heureux d'écouter vos explications, l’interrompit Yokozawa. Vous pourrez vous justifier en détail quand nous descendrons à la prochaine station.

-Oh… bien…

Le train s’arrêta quelques instants plus tard à une station et Yokozawa entraîna l'homme sur le quai.
Les passagers qui voyageaient avec eux s’écartèrent sur leur passage alors qu'ils débarquaient du wagon, mais ceux des compartiments voisins, qui n'avaient pas connaissance de ce qu'il s’était passé, affluèrent en une marée humaine autour d'eux. Yokozawa essayait non sans mal de pousser l'homme à l'autre bout du quai de manière à ne pas gêner la circulation.

-Lâchez-moi !

-Oh ! Hé ! Attendez !

Oppressé par la foule qui les entourait, l'homme saisit sa chance.
Il griffa le dos de la main de Yokozawa qui tenait fermement son bras, parvint à échapper à son emprise et s’enfuit. L'homme se noya dans la foule des voyageurs et Yokozawa le perdit peu à peu de vue.

-Espèce de salaud, nous n'en avons pas encore fini !

Troublé, Yokozawa essaya de se lancer à sa poursuite, mais la foule l’empêcha de continuer sa course. L'homme disparut au loin. Yokozawa tenta malgré tout de se frayer un chemin à travers la foule pour le rattraper, mais il était déjà trop tard.

-Merde.

Il renonça à poursuivre le pervers et préféra se diriger vers la jeune femme qu'il avait laissée seule derrière lui.

-Je suis désolé… Il a réussi à s’enfuir.

Peut-être était-ce un récidiviste, compte tenu de l’aisance qu’il avait manifestée au moment de s’enfuir. Si Yokozawa avait été plus vigilant, l'homme n'aurait pas pu se dérober aussi facilement. Il se réprimanda silencieusement pour avoir été si naïf.

-Ne vous inquiétez pas. Vous m'avez aidé, c'est plus que suffisant ! J'ai si honte de ne pas avoir été capable de réagir…

-Vous avez eu peur, c'est normal. Si seulement je l’avais remarqué plus tôt…

-Non, non. Vous… vous m'avez réellement sauvée ! Je vous remercie infiniment ! s’exclama-t-elle en s’inclinant respectueusement à plusieurs reprises.

Tant de remerciements le gênait un peu, d’autant plus qu’il n'avait pas été en mesure d'appréhender le coupable.

-Allez, levez la tête. Vous devriez allez voir les agents de sécurité de la gare pour leur raconter ce qu'il vous est arrivé. Si vous ne voulez pas le faire seule, je peux venir avec vo… Qu'est-ce qui ne va pas ? J'ai quelque chose sur le visage ?

La femme qui fixait Yokozawa, les yeux écarquillés, hésitait à demander :
-Excusez-moi... c'est peut-être une méprise mais... ne seriez-vous pas, par hasard... Yokozawa-san, de Marukawa Shoten ?

Il se figea quand il entendit la jeune femme prononcer à la fois son nom et celui de son lieu de travail.

-Oui... c'est bien moi. Vous ai-je déjà rencontrée quelque part ?

Il était impossible qu’il connaisse une femme aussi jeune.

A son expression suspecte, la jeune femme, nerveuse, voulut immédiatement clarifier ses propos :
-En fait, je travaille à temps partiel dans la librairie Marimo ! Je vous ai déjà vu à plusieurs reprises là-bas.

-Oh, je vois.

La librairie Marimo était la plus grande librairie de la ville et elle employait beaucoup de gens, y compris à temps partiel. Même si Yokozawa avait généralement affaire avec les employés en charge des livres dont il avait la responsabilité, il n’était pas étrange que d'autres employés le reconnaissent.

-Je suis désolée ! Je suis Matsumoto. Je travaille principalement à la caisse, alors je pense que nous ne nous sommes jamais parlé.

-Ne vous excusez pas, je vous en prie.

-J'ai beaucoup entendu parler de vous par Yukina-kun ! Il m'a dit que vous étiez un commercial de premier ordre !

-Il a dit ça... ?

Il avait reçu tant de compliments aujourd’hui, lui qui n'en avait pas vraiment l'habitude… mais il ne savait pas vraiment comment les prendre. Même si cette rumeur positive qui courait à son propos dans la librairie l’intriguait, il préféra ne pas poursuivre.

-Encore une fois, je vous remercie infiniment pour aujourd'hui ! Ah... euh … si ça ne vous dérange pas, laissez-moi vous remercier comme il se doit une prochaine fois !

-Ne vous inquiétez pas à ce sujet. J'ai seulement fait mon devoir.

Puisqu’il avait laissé ce pervers s’échapper, il ne pensait pas mériter tant de gratitude. Il apprécia quand même l'intention de la jeune femme, même si elle était un peu insistante. Mais malgré tous ses efforts pour refuser poliment les remerciements empressés de Matsumoto, la jeune femme ne semblait visiblement pas vouloir s’arrêter là.

-Mais je ne peux pas accepter… Je veux dire, je ne peux pas faire grand-chose, mais si ça ne vous dérange pas, je voudrais faire quelque chose pour vous …

Elle s’interrompit et l’observa avec des yeux implorants, alors Yokozawa céda au souhait de la jeune femme.

-Alors, je vous serais reconnaissant si vous vouliez bien promouvoir mes livres. Mais ne devrions-nous pas aller témoigner de ce qu'il s'est passé maintenant ?

-Oh, c'est vrai !

Yokozawa put enfin détourner leur conversation sur un nouveau sujet, ce qui le soulagea.
Il était naturellement très heureux que la jeune femme veuille exprimer sa gratitude, mais il ne pouvait se résoudre à abuser de sa bienveillance en aucune façon.

-Alors, en route ?

Le quai s’était entièrement vidé pendant qu'ils discutaient. Yokozawa se dirigea alors vers la sortie, accompagné par Matsumoto.

***

-Merde, je suis à la bourre...

Il lui avait dit qu'il lui faudrait une demi-heure pour arriver à leur point de rendez-vous, mais déjà presque une heure s’était écoulée depuis leur conversation téléphonique.
Yokozawa avait accompagné Matsumoto au poste de sécurité de la gare et leur témoignage avait duré plus longtemps que prévu. D’après les agents, l’incident avait de fortes corrélations avec des événements similaires et la description de l'homme était assez proche de celle d’un récidiviste qui sévissait aux alentours.
Un tel comportement criminel ne pouvait pas continuer plus longtemps et Yokozawa regrettait d'autant plus de l'avoir laissé s’échapper et de ne pas avoir réussi à le traîner dans un poste de police.

Il passa les portes de la gare à la hâte et s’élança à toute allure dans l'escalier en direction de la supérette qui se trouvait à peu de distance.
Il y trouva Kirishima en train de lire dans le rayon des revues.

-Désolé, je suis en retard… Attends, qu'est-ce que tu lis... ?

-Le Japun de ce mois-ci. Ce numéro est particulièrement bon !

-J'ai déjà lu un aperçu la semaine dernière. Mais ce n’est pas toi qui es censé avoir créé ce fichu magazine ? Quel intérêt de le lire ?

Son équipe avait vérifié avant l'impression les moindres recoins du magazine et relevé la moindre erreur qu'un simple lecteur n'aurait jamais décelée. Yokozawa ne comprenait pas pourquoi le type s’échinait à le relire.

-Je me disais que je remarquerais peut-être quelque chose en le lisant dans un contexte différent.

-Ah bon, tu crois ?

-Bon, je suis au moins satisfait qu'il n'y ait pas de faute d'impression. Je dois acheter du lait, attends-moi ici.

Il reposa son exemplaire de Japun sur son présentoir et se dirigea vers le rayon des boissons.
Alors qu'il venait tout juste d'admettre que ce type avait des qualités, il fut un peu désarçonné de le voir traquer les erreurs typographiques de son propre magazine au beau milieu d'une supérette.

En attendant le retour de Kirishima, Yokozawa balayait du regard le kiosque à magazines.
Sans doute parce que c’était la date de leur sortie, une importante pile de magazines de mariage était amassée devant lui, arborant en grosses lettres sur la couverture : « Edition spéciale Remariage ».
Habituellement, il n’accordait pas un regard à ce genre de publications. Mais aujourd’hui, si ses yeux avaient été irrésistiblement attirés par cette pile de magazines, c’était peut-être à cause de la pression silencieuse que ses parents lui faisaient subir dernièrement.
Plus de la moitié de ses amis du lycée étaient déjà mariés et un bon nombre d'entre eux avait déjà des enfants. A chaque nouvel an, il recevait des cartes de vœux de leur part accompagnées de photos de famille qui lui rappelaient douloureusement tout le temps qui s’était écoulé depuis le lycée. Ses parents avaient probablement renoncé à l'idée que leur fils puisse vivre une relation sérieuse un jour.
Ils ne poussaient pas particulièrement Yokozawa à se marier, mais il se doutait bien qu’ils devaient jalouser les familles de ses amis à chaque fois qu'ils recevaient un faire-part de naissance. D’une certaine façon, il se sentait aussi coupable vis-à-vis de ses parents, car il savait qu’il ne pourrait jamais réaliser les projets qu’ils avaient imaginés et avoir le futur qu’ils avaient rêvé pour lui.

Comme il soupirait à cette idée, Kirishima surgit derrière lui.

-Désolé pour l'attente.

-Oh, non, c'est moi qui m'excuse pour mon retard. Tu aurais dû m'envoyer un message et rentrer à la maison sans m'attendre.

-Ne t'en fais pas, je viens juste d’arriver de toute façon. Tu as eu un souci ? Ton train était en retard ?

-En fait… je vais te raconter…

Yokozawa expliqua tous les détails de sa mésaventure à Kirishima alors qu'ils quittaient la supérette pour se diriger vers l'appartement. Lorsqu'il en vint aux actions répugnantes du pervers, le visage de Kirishima s'assombrit de colère.

-C'est tout bonnement impardonnable.

-N'est-ce pas ? J'avoue que mon sang n'a fait qu'un tour et avant même que je ne m'en rende compte, j'avais déjà attrapé la main de ce type.

-Tu sais qu’on dirait une histoire d’émission de faits divers ? Même si je serais heureux si tous ces pervers pouvaient tomber raides morts, je dois admettre que j'aurais tout donné pour te voir jouer les preux chevaliers…

-Si tu avais été là, tu m'aurais probablement devancé et tabassé le type avant que la police ne soit arrivée.

Même si à première vue Kirishima semblait être plutôt détaché et réfléchi, il n'en restait pas moins le père d'une petite fille, il avait donc un sens très aigu de la justice. Ce n’était qu’en devenant très proche de lui qu’il avait remarqué que quelquefois Kirishima était lui aussi capable de s’énerver.

-Hé, n’exagère pas non plus ! Je ne ferais jamais quelque chose d'aussi stupide. Non, si j'avais été là, je lui aurais certainement glissé un mot ou deux en privé pour m'assurer qu'il retienne la leçon.
Intérieurement, Yokozawa se demanda si « lui glisser un mot ou deux »  voulait dire «  le menacer »…

-Hé ! Mais c'est quoi ça ?

Ce n’était qu'une simple égratignure sans importance, mais que Kirishima ait pu découvrir cette preuve de son échec mit Yokozawa mal à l’aise. Alors qu'il essayait maladroitement de la cacher sous sa manche, Kirishima saisit son bras d'un geste vif.

-C'est juste ce connard de pervers qui m'a griffé avant de détaler. J'ai fini par le perdre dans la foule.

Lorsque Yokozawa expliqua ces détails à contrecœur, le visage de Kirishima se crispa.

-L'enfoiré ! Si j'avais été là, il n’aurait pas eu le cran d’essayer de s’enfuir, crois-moi ! gronda-t-il, menaçant. Assure-toi de bien la désinfecter en rentrant.

Un frisson parcourut le dos de Yokozawa aux paroles assassines de Kirishima. Il était difficile à cet instant de savoir s’il était sérieux ou non.
Dans un effort désespéré pour dissiper cette lourde atmosphère, Yokozawa changea délibérément de sujet :
-Et tu sais quoi ? La fille que j'ai aidée, il s’avère qu'elle travaille à temps partiel chez Marimo ! Apparemment, elle m'a déjà croisé là-bas avant. J'avoue que j’étais un peu surpris qu'elle m'ait reconnu.

-Le monde est petit, hein ?

-Après tout, je revenais moi-même tout juste de Marimo, donc je suppose que ça n’était pas non plus une grande coïncidence.

Dans un premier temps, ça l'avait un peu déstabilisé que la jeune femme connaisse son nom, mais ses explications avaient tout éclairci. Matsumoto avait sans nul doute quitté le travail lorsque Yokozawa avait lui-même fini sa journée. Étant donné que les commerciaux ne passaient généralement pas inaperçus, il n’était guère étrange que même les employés qui ne travaillaient pas en rayon les connaissent.

-Si on était dans un manga, ça serait un signe, tu sais. Tu es sûr qu'elle n'a pas un peu craqué pour toi ?

Yokozawa laissa s’échapper un petit rire moqueur à la réflexion de Kirishima.

-Bien sûr que non.

Ça serait bien embêtant si les filles tombaient amoureuses de lui juste pour ça. Elle voulait simplement lui exprimer sa gratitude et le remercier de son aide, voilà tout.

-Elle ne t'a pas demandé ton numéro de téléphone ou un truc du genre ?

-Non. Nous avons juste parlé sur le chemin du retour des livres qui se vendent bien ces derniers temps, de ses collègues… ce genre de choses.

-Elle t’a accompagnée jusqu’ici ?

-Elle devait descendre à la station suivante et elle était traumatisée par ce qu'il venait de lui arriver, je n'allais quand même pas la laisser rentrer toute seule dans un train bondé ?!

Même si la jeune femme lui avait paru au début très réservée, elle était devenue intarissable quand elle avait commencé à parler des livres qu’elle avait aimés. Peut-être avait-elle été simplement exaltée d'apprendre que Yokozawa partageait les mêmes goûts qu'elle en matière de littérature.
Elle avait été particulièrement prolixe quand elle avait dû donner son avis sur un ouvrage récemment publié. Cela avait l’air à première vue d’une conversation futile, mais pour Yokozawa, cela signifiait qu'elle parvenait un peu à oublier sa mésaventure de tout à l'heure…

-Elle a dit qu'elle tenait aussi à me remercier, mais je ne pouvais pas me résoudre à laisser une fille plus jeune que moi se plier en quatre pour ça. Alors je lui ai demandé de vendre des tonnes d’ouvrages de Marukawa pour moi. Ne suis-je pas un commercial modèle ?

-Je ne doute pas une seconde qu'elle soit une employée assidue au travail, mais ne m'as-tu pas dit qu'elle travaillait aux caisses ? Je ne vois pas en quoi elle pourrait t'aider à vendre plus.

Au commentaire incisif de Kirishima, Yokozawa se tut. Lorsqu'il lui avait fait cette suggestion, ce détail ne lui était pas du tout venu à l'esprit.

-… Mais elle pourrait obtenir une promotion un jour, lui rétorqua-il.

Évidemment, avec le temps, elle pourrait obtenir un poste plus valorisant que le sien. Même si son futur poste ne concernait pas les mangas, tant qu'elle pouvait faire la promotion des livres de Marukawa, cela serait suffisant.

-Bien sûr, elle va certainement faire de son mieux, si c'est pour tes beaux yeux.

Yokozawa fronça les sourcils à l'insinuation de Kirishima.

-Qu'est-ce que ça veut dire, ça ? Si tu as quelque chose à dire, dis-le clairement !

Peut-être était-ce juste le fruit de son imagination, mais il semblait que la façon de parler de Kirishima sonnait différemment de d'habitude.

-Laisse tomber… Wouah ! Je meurs de faim ! Dépêchons-vous, Hiyo nous attend !

-Hé ! N'essaie pas de changer de sujet !

-D’après toi, qu'est-ce qu’on va manger ce soir ?

Face à ce changement d'humeur, Yokozawa se retrouva incapable de cerner la source de ses doutes. Comme il n’était pas rare pour lui de se retrouver à la merci de Kirishima, prendre la mouche pour la moindre petite chose reviendrait à passer son temps à se chamailler.
Ce changement de sujet soudain prouvait que Kirishima n'avait pas envie de poursuivre sur ce sujet.

-.......

Il était difficile pour Yokozawa de saisir ce que ressentait Kirishima, étant donné que le type gardait toujours le contrôle total de lui-même et il soupira en observant discrètement le profil impassible de l'homme qui marchait à ses côtés.


A suivre…

11 commentaires:

  1. Quelle joie de vous retrouver o/ merci pour ce chapitre !

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  2. Merci pour chapitre, heureuse de retrouver des nouvelles de notre couple préféré :p

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  3. Youhou ! Trop contente d'avoir ce premier chapitre ! et plein d'action en plus !

    Ca va bien à Yokozawa le rôle de chevalier \(^o^)/

    Merci encore pour votre taf, c'est vraiment génial de pouvoir lire ses romans ! *fait une bise à toute l'équipe*

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  4. Merci merci pour ce chapitre, c'est avec plaisir que je retrouve ce couple!

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  5. Kirishima m'a l'air un peu possesif ! Peut être une confrontation entre Matsumoto et Kirishima XD ?
    Enfin je m'égare... Merci pour ce chapitre ! Je l'attendais avec impatience, Yokozawa a été vraiment cool sur ce coup-là \(^o^)/
    J'ai vraiment hâte de voir le prochain chapitre !!!
    Big bisous à toute l'équipe >w<

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  6. Kya !! Merci pour ce chapitre !! Je l attendais vraiment !! Yokozawa en chevalier sauveur et kirishima possessif et jaloux , ca commence fort ce deuxieme tome *w* !!
    Encore merci pour cette traduction et tout le taf !! ^^ ca fait plaisir de revoir ce magnifique couple ! J ai hate de connaitre la suite !

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  7. j'adore j'adore !!!^^
    super chapitre ,vous avez fait un super travail
    hâte de lire la suite
    merci à toute l'équipe

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  8. Trop genial, merci beaucoup pour ce travail. Je suis impatiente de lire la suite !

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  9. Un premier chapitre qui nous remet un peu dans l'histoire et une nouvelle apparition, j'imagine très bien les problèmes que vont rencontrer Kirishima et Yokozawa ! ^^'
    En tout cas, je suis trop contente de voir la suite de cette histoire ! =)
    Merci pour votre boulot.

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  10. Merci pour ce travail formidable , heureuse de vous retrouver =) et aussi retrouver yokozawa san =) bonne continuation !

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  11. Un grand merci pour votre travail excellent ! Y'a franchement rien à redire, l'adaptation est parfaite ! Et puis... Moi qui n'aimait pas du tout Takafumi dans le manga (Rhaaa Masamune <3), je l'apprécie vraiment dans les novels... (Même si je dois avouer que je préfère Zen !)

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