Titre: Yokozawa Takafumi no Baai vol.2
Série: Sekai-ichi Hatsukoi
Auteurs: Nakamura Shungiku et Fujisaki Miyako
Rating: Tout Public
Langage: Français
Résumé: Voici le premier chapitre du tome 2 ! L'histoire se déroule donc juste aprés la seconde histoire courte. Bonne lecture ! Dans ce chapitre, Yokozawa joue au preux chevalier ^^
La voix à l'autre bout de la ligne était celle de Kirishima Zen, le rédacteur-en-chef du mensuel Japun. C’était aussi l'éditeur principal d'Ijuuin Kyou, le mangaka à succès des éditions Marukawa, créateur du manga Za Kan.
Série: Sekai-ichi Hatsukoi
Auteurs: Nakamura Shungiku et Fujisaki Miyako
Rating: Tout Public
Langage: Français
Résumé: Voici le premier chapitre du tome 2 ! L'histoire se déroule donc juste aprés la seconde histoire courte. Bonne lecture ! Dans ce chapitre, Yokozawa joue au preux chevalier ^^
A l'instant où il quitta la librairie
climatisée, le corps entier de Yokozawa fut submergé par une
moiteur étouffante.
Les pics de chaleur s’étaient
enchaînés depuis le début Juillet, mais ce jour-là, les
températures étaient particulièrement insupportables. Depuis
quelques jours, il faisait si chaud qu'il avait troqué ses chemises
à manches longues pour celles à manches courtes. Mais déambuler
ainsi de librairie en librairie dans cette chaleur pesante le faisait
dégouliner de sueur.
Il portait sur son bras gauche la veste
de son costume qu’il n'avait pas portée de toute la journée. Même
si le soleil allait d’ici peu se coucher, l'humidité ambiante
gênait encore sa respiration. Compte tenu de ces températures, il
s'inquiétait de la tournure qu'allait prendre le mois d’août. Il
en avait déjà assez de cette canicule qui n'en finissait plus.
-Purée, j'ai trop besoin de boire une
bière !
-Ouais, allons faire un saut dans un
Beer garden !
Un groupe d'hommes d'affaires qui
sortaient visiblement du bureau croisa le chemin de Yokozawa. Leur
conversation convergeait parfaitement avec ses pensées.
Il refoula cependant la tentation de
les suivre et saisit plutôt son téléphone cellulaire pour appeler
le bureau.
-Oui ? Département Commercial de
Marukawa Shoten, j'écoute ! claironna la voix guillerette de
son subordonné à l'autre bout du fil.
Le bruit de fond informa Yokozawa que
la plupart de ses collègues étaient encore à leur poste.
-Henmi ? C'est Yokozawa.
-Ah ! Merci pour votre travail !
-Je viens de terminer à la librairie.
Rien de nouveau pendant mon absence ?
-Non, rien de particulier. Comment ça
s'est passé de votre côté ?
-On a réussi à se mettre d'accord
pour l'opération promotionnelle. Je te transmettrai tous les détails
la semaine prochaine. J'ai fini pour aujourd'hui, alors je vais
rentrer chez moi. Tu peux pointer pour moi ?
Il était temps pour lui de quitter le
travail ce soir-là puisqu’il n'avait pas de rendez-vous avec un
client ni de sortie planifiée avec un de ses supérieurs.
-Compris !
-Ça marche, bonne soirée.
Il mit fin à son appel et desserra le
nœud de sa cravate en cheminant vers la gare.
Bien qu'il ait précisé à Henmi qu'il
rentrait chez lui, il ne prenait pas, à cet instant, la direction
de son appartement. Au moment où il allait éteindre son téléphone,
il se souvint soudain qu'il devait passer un coup de fil pour
prévenir une certaine personne quand il aurait fini le travail.
Vu que Kirishima et lui allaient au
même endroit, Yokozawa ne voyait pas l’intérêt de se retrouver
avant pour faire le chemin ensemble. Mais le faire remarquer ne
serait qu’une occasion de plus de se faire taquiner par Kirishima.
Il l’imaginait déjà lui dire, le sourire en coin : « Quoi ?
Tu es gêné de faire le trajet avec moi jusqu’à la maison ? »
et il n’aurait su quoi répondre.
Alors il composa son numéro, un peu
hésitant, et après quelques secondes, son interlocuteur décrocha.
-Euh... c'est moi.
Il appréhendait la façon de commencer
leurs conversations téléphoniques depuis un certain temps.
Il savait bien qu'il aurait pu lui
parler comme à un de ses collègues de travail mais ce serait malgré
tout un peu bizarre.
Bien entendu, il faisait preuve de la
politesse qui lui était due durant leurs réunions et leurs rapports
n'avaient pas véritablement changé à cet égard.
Mais appeler Kirishima dans le cadre
d'une conversation privée comme celle-ci lui procurait un grand
sentiment de malaise.
-Le boulot s'est bien passé ? Tu
as terminé ?
-Ouais. En fait, on a même fini plus
tôt que prévu.
La voix à l'autre bout de la ligne était celle de Kirishima Zen, le rédacteur-en-chef du mensuel Japun. C’était aussi l'éditeur principal d'Ijuuin Kyou, le mangaka à succès des éditions Marukawa, créateur du manga Za Kan.
On ne pouvait qu’être impressionné
par ses prouesses d’éditeur, mais aussi par sa maîtrise de la
qualité nécessaire d’un bon chef d’équipe : son charisme,
capable de diriger avec brio ses troupes d'éditeurs, plus
individualistes les uns que les autres.
Yokozawa pensait souvent qu’il était
trop pointilleux dans son travail, mais de toute évidence, c’était
cette qualité qui poussait les auteurs dont il avait la charge à
lui vouer une confiance aveugle. Comme Yokozawa ne pouvait en dire
autant à son sujet, il éprouvait un grand respect pour lui.
On dit souvent que la nature n'accorde
jamais deux talents à quelqu'un, mais Kirishima était non seulement
doté d'une éthique impeccable, mais aussi d’un physique pas
désagréable.
Il était assez grand, arborait un beau
visage harmonieux et un corps bien proportionné. Son air juvénile
rendait souvent difficile de lui donner son âge (il dépassait en
réalité la trentaine) et Yokozawa ne l'avait jamais vu (non, pas
une seule fois) négligé au travail : il gardait en permanence
un parfait contrôle sur lui-même.
Ces derniers temps, Yokozawa s’était
même surpris à trouver… plutôt belle – même si elle l’agaçait
souvent – sa voix calme et douce s’échappant de ses lèvres
minces lorsque, murmurée à son oreille, elle parvenait à le
troubler.
… Pourtant, Kirishima était loin
d’être parfait. En fait, son principal défaut était sa
personnalité.
Même s’il le montrait rarement, il
avait un passe-temps très énervant : il adorait taquiner les
gens fiers. Yokozawa en faisait souvent les frais et il semblait être
devenu son « joujou » favori. Mais même en sachant
pertinemment que le jeu continuerait de plus belle s’il réagissait
de manière excessive à ses taquineries, Yokozawa ne parvenait
jamais à garder un visage impassible dans de telles situations.
A son crédit, Kirishima connaissait
néanmoins les limites à ne pas franchir avec lui et il n'avait
jamais fait ou dit quoi que ce soit de déplacé à l’égard de
Yokozawa. Incapable de se fâcher sérieusement contre lui, Yokozawa
était donc le jouet idéal.
Cinq mois plus tôt, ils ne s’étaient
jamais parlé en dehors du travail. C’était son cœur brisé qui
l'avait rapproché de Kirishima. Après toutes ces années d'amour à
sens unique, Kirishima était apparu dans sa vie au moment précis où
il commençait à s’apitoyer sur son sort.
Il ne se souvenait plus très bien de
cette fameuse nuit mais il pensait néanmoins que c’était la
présence de Kirishima à ses côtés qui lui avait permis de
remonter la pente. Il était mortifié aujourd'hui au souvenir de
tout ce qu’il avait fait pour tenter de fuir la douleur. Mais il se
consolait en se disant qu'il avait enfin pu tirer un trait sur tout
ça, que tout faisait désormais partie du passé.
-Tu as vraiment l'air de bonne humeur,
il s'est passé quelque chose de plaisant aujourd'hui ?
La voix grave de Kirishima qui
s'échappait du téléphone était presque imperceptible. C’était
une sensation étrange, comme s’il lui murmurait doucement à
l’oreille.
Il n'avait jamais ressenti une telle
chose lors de leurs précédentes conversations téléphoniques. Il
n'arrivait pas à savoir si c’était parce que c’était Kirishima
ou si c'était sa façon de lui parler à cet instant.
Il n’arrivait même pas à déterminer
si c’était juste lui qui se faisait des idées.
-Nous avons passé la journée à
préparer cet événement à la boutique. C'est grâce à toi si ça
se passe si bien. Tu m'as vraiment donné un bon coup de main.
En effet, si la librairie avait accepté
cette proposition d’événement, c’était parce qu'elle avait
obtenu l'aval de Marukawa pour l'organisation d'une séance de
dédicaces avec l’auteur, l'utilisation d'illustrations originales
pour des produits dérivés et d’esquisses de nouveaux travaux –
tout cela grâce au tact de Kirishima qui était parvenu à
convaincre l’auteur. Yokozawa savait bien que s’il s’était
occupé de tout cela tout seul, les livres auraient pu très bien se
vendre, mais en tant que commercial, sa priorité était de vendre le
plus possible.
Se servir de toutes les cartes à sa
disposition était la meilleure des stratégies pour le vendeur qu'il
était.
-Je n'ai rien fait du tout. Tout ça,
c'est grâce à la coopération de l'auteur et à ton travail
acharné. Tu as très bien bossé.
-Je... je n'ai fait que mon travail.
Les gens faisaient rarement ainsi
l'éloge de Yokozawa. Même s’il savait qu'il travaillait deux fois
plus que les autres (ses résultats en étaient la preuve), il
n’était pas le genre de personne que l’on complimentait
facilement. Mais Kirishima lui faisait souvent ce genre de réflexions
sans réfléchir et avec une telle sincérité que cela mettait
Yokozawa mal à l’aise.
Il se demandait parfois s’il
réussirait un jour à s’y habituer.
-Roh, tu ne peux pas recevoir un
compliment sans en faire toute une histoire ? A moins que tu ne
préfères quand je te taquine… ?
-J’ai jamais dit ça ! C’est
bon, c’est bon, j’accepte…
Pourquoi ne pouvait-il pas simplement
dire « merci » ? Pourquoi agissait-il toujours comme
un collégien têtu avec lui ? Malheureusement, en avoir
conscience ne l’aidait pas.
Il avait travaillé dur, c’était une
évidence, mais ce n’était pas comme s’il avait besoin de
reconnaissance. Pourtant… voir son dur labeur félicité était
plutôt agréable et entendre ces compliments de la part de quelqu'un
qu'il respectait autant était encore meilleur.
-Alors qu'est-ce que tu fais ? Tu
rentres au bureau ?
Kirishima ne sembla pas le moins du
monde irrité par le changement de sujet de Yokozawa. Ce dernier se
demanda si cela signifiait que l'autre avait conscience de sa nature
impulsive ou si, une fois encore, Yokozawa réfléchissait beaucoup
trop.
De toute façon, cette question ne
valait pas la peine d’être abordée.
-Non, je me dirige vers la maison
maintenant. J'y serai dans une demi-heure…
-Alors on peut se retrouver devant la
supérette en face de la station de chez moi ? Je suis sur le
point de quitter le bureau. Tu y seras probablement avant moi, tu
pourras m'y attendre ?
-D'accord.
Après avoir décidé de leur point de
rendez-vous, Yokozawa mit fin à la conversation au moment même où
il arrivait à la gare.
Ces derniers temps, il avait passé
tous ses week-ends chez Kirishima. En fait, l'idée d'abuser de son
hospitalité ne lui plaisait pas beaucoup, mais il se retrouvait
toujours coincé lorsqu' Hiyori, la fille de Kirishima, lui disait
« au revoir, à bientôt ! »
C’était parce que le chat de
Yokozawa, Sorata, était tombé malade, qu’il avait commencé à
passer beaucoup de temps là-bas. Hiyori s’était en quelque sorte
chargée de s'occuper de lui et Yokozawa s'était, malgré lui,
retrouvé pris lui-même en charge par la famille Kirishima.
Depuis lors, Sorata s’était
remarquablement attaché à Hiyori, si bien qu'il avait élu
résidence dans l'appartement des Kirishima. Lorsqu'il venait
accueillir Yokozawa à la porte de la maison, il se comportait comme
s’il était chez lui.
Après avoir acheté quelques sucreries
pour Hiyori dans la zone commerçante souterraine, Yokozawa se
dirigea vers le quai, où le train attendait déjà. Il monta dans un
wagon plein à craquer de banlieusards qui regagnaient leur domicile
en ce début de soirée. Tout en tenant son paquet au-dessus de sa
tête pour empêcher les gâteaux de se faire écraser, il réussit à
trouver une place entre deux voyageurs.
Même si le wagon n’était pas
totalement plein, il était pratiquement impossible de se déplacer
sans bousculer quelqu'un, donnant à Yokozawa le sentiment d’être
coincé dans une boîte à sardines.
L'air conditionné fonctionnait, mais
étant donné la masse compacte d'individus qui s’entassait dans ce
lieu exigu, l'air environnant restait humide et étouffant. Yokozawa
avait une bonne tête de plus que la plupart des gens autour de lui,
il avait donc la chance de pouvoir respirer plus facilement que ses
voisins, mais il n’en avait pas vraiment moins chaud. Il tendit la
main pour s’agripper à une barre au-dessus de sa tête et repéra
le visage vraiment pâle d'une jeune femme qui se trouvait non loin
de lui.
-... ?
Peut-être se sentait-elle mal à cause
de la chaleur ?
Elle se cramponnait fermement à la
rambarde à côté de la porte du wagon et son visage était d'une
étrange rigidité. Même si à première vue, la jeune femme
semblait souffrir du manque d'espace et de la chaleur étouffante,
Yokozawa finit par réaliser la véritable raison de son mal-être.
Un homme, visiblement un homme d'affaires, qui se tenait dans son
dos, semblait s’appuyer contre elle de façon indécente et à
chaque balancement du train, il se frottait contre elle avec
insistance.
De l'endroit où se tenait Yokozawa, il
était difficile de voir clairement ce qu'il se passait.
Il hésitait à intervenir, ne se
sentant pas sûr de ce qu'il redoutait, quand tout à coup, il vit
l’homme glisser sa main lentement le long de la cuisse de la jeune
femme.
-Mais qu'est-ce que vous êtes en train
de faire ?
A la seconde où il réalisa qu'un tel
acte de bassesse se produisait sous ses yeux, la colère jaillit en
lui et il poussa les passagers qui se trouvaient sur son chemin pour
attraper la main du pervers.
-Qu'est-ce que ça veut dire ?!
Les passagers du wagon se mirent à
murmurer frénétiquement, puis se turent brusquement, observant en
retenant leur souffle Yokozawa faire face à l'homme.
Se souciant peu des regards ébahis,
Yokozawa plissa les yeux et cracha :
-C'est bien ce que j'aimerais savoir.
Vous étiez tout juste en train d'abuser de cette jeune femme,
n'est-ce pas ?
-Bien sûr que non ! Je vous
prierai de ne pas proférer de telles accusations !
-Alors, pourquoi ne pas lui demander
directement ? Si ce n'est pas le cas, je vous présenterai
volontiers mes excuses. Vous a-t-il touché ?
-Oui... il... il l'a fait...
Sa voix était à peine plus forte que
le bourdonnement d'un moustique, mais son aveu était sans équivoque.
Les yeux brouillés par les larmes, elle jeta à son agresseur un
regard noir mêlant peur et colère.
C’était maintenant au tour de
l'homme de devenir pâle comme un linge. Il avait bien compris qu’il
ne pouvait plus nier à présent ce que la pauvre jeune fille venait
d’avouer. Alors il balbutia des excuses, la mâchoire serrée :
-Le train est bondé… et je l'ai
touchée accidentellement, c'est tout ! Je n'ai pas fait
exprès !
-Si vous ne l'avez pas fait exprès,
alors comment j’ai réussi à voir votre main la toucher de
l'endroit où je me trouvais ? C'est un peu suspicieux, non ?
Dans tous les cas, vous allez descendre à la prochaine station.
-Je vous l'ai dit, c’était parce que
le train…
-Oui, je serai heureux d'écouter vos
explications, l’interrompit Yokozawa. Vous pourrez vous justifier
en détail quand nous descendrons à la prochaine station.
-Oh… bien…
Le train s’arrêta quelques instants
plus tard à une station et Yokozawa entraîna l'homme sur le quai.
Les passagers qui voyageaient avec eux
s’écartèrent sur leur passage alors qu'ils débarquaient du
wagon, mais ceux des compartiments voisins, qui n'avaient pas
connaissance de ce qu'il s’était passé, affluèrent en une marée
humaine autour d'eux. Yokozawa essayait non sans mal de pousser
l'homme à l'autre bout du quai de manière à ne pas gêner la
circulation.
-Lâchez-moi !
-Oh ! Hé ! Attendez !
Oppressé par la foule qui les
entourait, l'homme saisit sa chance.
Il griffa le dos de la main de Yokozawa
qui tenait fermement son bras, parvint à échapper à son emprise et
s’enfuit. L'homme se noya dans la foule des voyageurs et Yokozawa
le perdit peu à peu de vue.
-Espèce de salaud, nous n'en avons pas
encore fini !
Troublé, Yokozawa essaya de se lancer
à sa poursuite, mais la foule l’empêcha de continuer sa course.
L'homme disparut au loin. Yokozawa tenta malgré tout de se frayer un
chemin à travers la foule pour le rattraper, mais il était déjà
trop tard.
-Merde.
Il renonça à poursuivre le pervers et
préféra se diriger vers la jeune femme qu'il avait laissée seule
derrière lui.
-Je suis désolé… Il a réussi à
s’enfuir.
Peut-être était-ce un récidiviste,
compte tenu de l’aisance qu’il avait manifestée au moment de
s’enfuir. Si Yokozawa avait été plus vigilant, l'homme n'aurait
pas pu se dérober aussi facilement. Il se réprimanda
silencieusement pour avoir été si naïf.
-Ne vous inquiétez pas. Vous m'avez
aidé, c'est plus que suffisant ! J'ai si honte de ne pas avoir
été capable de réagir…
-Vous avez eu peur, c'est normal. Si
seulement je l’avais remarqué plus tôt…
-Non, non. Vous… vous m'avez
réellement sauvée ! Je vous remercie infiniment !
s’exclama-t-elle en s’inclinant respectueusement à plusieurs
reprises.
Tant de remerciements le gênait un
peu, d’autant plus qu’il n'avait pas été en mesure
d'appréhender le coupable.
-Allez, levez la tête. Vous devriez
allez voir les agents de sécurité de la gare pour leur raconter ce
qu'il vous est arrivé. Si vous ne voulez pas le faire seule, je peux
venir avec vo… Qu'est-ce qui ne va pas ? J'ai quelque chose
sur le visage ?
La femme qui fixait Yokozawa, les yeux
écarquillés, hésitait à demander :
-Excusez-moi... c'est peut-être une
méprise mais... ne seriez-vous pas, par hasard... Yokozawa-san, de
Marukawa Shoten ?
Il se figea quand il entendit la jeune
femme prononcer à la fois son nom et celui de son lieu de travail.
-Oui... c'est bien moi. Vous ai-je déjà
rencontrée quelque part ?
Il était impossible qu’il connaisse
une femme aussi jeune.
A son expression suspecte, la jeune
femme, nerveuse, voulut immédiatement clarifier ses propos :
-En fait, je travaille à temps partiel
dans la librairie Marimo ! Je vous ai déjà vu à plusieurs
reprises là-bas.
-Oh, je vois.
La librairie Marimo était la plus
grande librairie de la ville et elle employait beaucoup de gens, y
compris à temps partiel. Même si Yokozawa avait généralement
affaire avec les employés en charge des livres dont il avait la
responsabilité, il n’était pas étrange que d'autres employés le
reconnaissent.
-Je suis désolée ! Je suis
Matsumoto. Je travaille principalement à la caisse, alors je pense
que nous ne nous sommes jamais parlé.
-Ne vous excusez pas, je vous en prie.
-J'ai beaucoup entendu parler de vous
par Yukina-kun ! Il m'a dit que vous étiez un commercial de
premier ordre !
-Il a dit ça... ?
Il avait reçu tant de compliments
aujourd’hui, lui qui n'en avait pas vraiment l'habitude… mais il
ne savait pas vraiment comment les prendre. Même si cette rumeur
positive qui courait à son propos dans la librairie l’intriguait,
il préféra ne pas poursuivre.
-Encore une fois, je vous remercie
infiniment pour aujourd'hui ! Ah... euh … si ça ne vous
dérange pas, laissez-moi vous remercier comme il se doit une
prochaine fois !
-Ne vous inquiétez pas à ce sujet.
J'ai seulement fait mon devoir.
Puisqu’il avait laissé ce pervers
s’échapper, il ne pensait pas mériter tant de gratitude. Il
apprécia quand même l'intention de la jeune femme, même si elle
était un peu insistante. Mais malgré tous ses efforts pour refuser
poliment les remerciements empressés de Matsumoto, la jeune femme ne
semblait visiblement pas vouloir s’arrêter là.
-Mais je ne peux pas accepter… Je
veux dire, je ne peux pas faire grand-chose, mais si ça ne vous
dérange pas, je voudrais faire quelque chose pour vous …
Elle s’interrompit et l’observa
avec des yeux implorants, alors Yokozawa céda au souhait de la jeune
femme.
-Alors, je vous serais reconnaissant si
vous vouliez bien promouvoir mes livres. Mais ne devrions-nous pas
aller témoigner de ce qu'il s'est passé maintenant ?
-Oh, c'est vrai !
Yokozawa put enfin détourner leur
conversation sur un nouveau sujet, ce qui le soulagea.
Il était naturellement très heureux
que la jeune femme veuille exprimer sa gratitude, mais il ne pouvait
se résoudre à abuser de sa bienveillance en aucune façon.
-Alors, en route ?
Le quai s’était entièrement vidé
pendant qu'ils discutaient. Yokozawa se dirigea alors vers la sortie,
accompagné par Matsumoto.
***
-Merde, je suis à la bourre...
Il lui avait dit qu'il lui faudrait une
demi-heure pour arriver à leur point de rendez-vous, mais déjà
presque une heure s’était écoulée depuis leur conversation
téléphonique.
Yokozawa avait accompagné Matsumoto au
poste de sécurité de la gare et leur témoignage avait duré plus
longtemps que prévu. D’après les agents, l’incident avait de
fortes corrélations avec des événements similaires et la
description de l'homme était assez proche de celle d’un
récidiviste qui sévissait aux alentours.
Un tel comportement criminel ne
pouvait pas continuer plus longtemps et Yokozawa regrettait d'autant
plus de l'avoir laissé s’échapper et de ne pas avoir réussi à
le traîner dans un poste de police.
Il passa les portes de la gare à la
hâte et s’élança à toute allure dans l'escalier en direction de
la supérette qui se trouvait à peu de distance.
Il y trouva Kirishima en train de lire
dans le rayon des revues.
-Désolé, je suis en retard…
Attends, qu'est-ce que tu lis... ?
-Le Japun de ce mois-ci. Ce numéro est
particulièrement bon !
-J'ai déjà lu un aperçu la semaine
dernière. Mais ce n’est pas toi qui es censé avoir créé ce
fichu magazine ? Quel intérêt de le lire ?
Son équipe avait vérifié avant
l'impression les moindres recoins du magazine et relevé la moindre
erreur qu'un simple lecteur n'aurait jamais décelée. Yokozawa ne
comprenait pas pourquoi le type s’échinait à le relire.
-Je me disais que je remarquerais
peut-être quelque chose en le lisant dans un contexte différent.
-Ah bon, tu crois ?
-Bon, je suis au moins satisfait qu'il
n'y ait pas de faute d'impression. Je dois acheter du lait,
attends-moi ici.
Il reposa son exemplaire de Japun sur
son présentoir et se dirigea vers le rayon des boissons.
Alors qu'il venait tout juste
d'admettre que ce type avait des qualités, il fut un peu désarçonné
de le voir traquer les erreurs typographiques de son propre magazine
au beau milieu d'une supérette.
En attendant le retour de Kirishima,
Yokozawa balayait du regard le kiosque à magazines.
Sans doute parce que c’était la date
de leur sortie, une importante pile de magazines de mariage était
amassée devant lui, arborant en grosses lettres sur la couverture :
« Edition spéciale Remariage ».
Habituellement, il n’accordait pas un
regard à ce genre de publications. Mais aujourd’hui, si ses yeux
avaient été irrésistiblement attirés par cette pile de magazines,
c’était peut-être à cause de la pression silencieuse que ses
parents lui faisaient subir dernièrement.
Plus de la moitié de ses amis du lycée
étaient déjà mariés et un bon nombre d'entre eux avait déjà des
enfants. A chaque nouvel an, il recevait des cartes de vœux de leur
part accompagnées de photos de famille qui lui rappelaient
douloureusement tout le temps qui s’était écoulé depuis le
lycée. Ses parents avaient probablement renoncé à l'idée que leur
fils puisse vivre une relation sérieuse un jour.
Ils ne poussaient pas particulièrement
Yokozawa à se marier, mais il se doutait bien qu’ils devaient
jalouser les familles de ses amis à chaque fois qu'ils recevaient un
faire-part de naissance. D’une certaine façon, il se sentait aussi
coupable vis-à-vis de ses parents, car il savait qu’il ne pourrait
jamais réaliser les projets qu’ils avaient imaginés et avoir le
futur qu’ils avaient rêvé pour lui.
Comme il soupirait à cette idée,
Kirishima surgit derrière lui.
-Désolé pour l'attente.
-Oh, non, c'est moi qui m'excuse pour
mon retard. Tu aurais dû m'envoyer un message et rentrer à la
maison sans m'attendre.
-Ne t'en fais pas, je viens juste
d’arriver de toute façon. Tu as eu un souci ? Ton train était
en retard ?
-En fait… je vais te raconter…
Yokozawa expliqua tous les détails de
sa mésaventure à Kirishima alors qu'ils quittaient la supérette
pour se diriger vers l'appartement. Lorsqu'il en vint aux actions
répugnantes du pervers, le visage de Kirishima s'assombrit de
colère.
-C'est tout bonnement impardonnable.
-N'est-ce pas ? J'avoue que mon
sang n'a fait qu'un tour et avant même que je ne m'en rende compte,
j'avais déjà attrapé la main de ce type.
-Tu sais qu’on
dirait une histoire d’émission de faits divers ? Même si je
serais heureux si tous ces pervers pouvaient tomber raides morts, je
dois admettre que j'aurais tout donné pour te voir jouer les preux
chevaliers…
-Si tu avais été là, tu m'aurais
probablement devancé et tabassé le type avant que la police ne soit
arrivée.
Même si à première vue Kirishima
semblait être plutôt détaché et réfléchi, il n'en restait pas
moins le père d'une petite fille, il avait donc un sens très aigu
de la justice. Ce n’était qu’en devenant très proche de lui
qu’il avait remarqué que quelquefois Kirishima était lui aussi
capable de s’énerver.
-Hé, n’exagère pas non plus !
Je ne ferais jamais quelque chose d'aussi stupide. Non, si j'avais
été là, je lui aurais certainement glissé un mot ou deux en privé
pour m'assurer qu'il retienne la leçon.
Intérieurement, Yokozawa se demanda si
« lui glisser un mot ou deux » voulait dire «
le menacer »…
-Hé ! Mais c'est quoi ça ?
Ce n’était qu'une simple égratignure
sans importance, mais que Kirishima ait pu découvrir cette preuve de
son échec mit Yokozawa mal à l’aise. Alors qu'il essayait
maladroitement de la cacher sous sa manche, Kirishima saisit son bras
d'un geste vif.
-C'est juste ce connard de pervers qui
m'a griffé avant de détaler. J'ai fini par le perdre dans la foule.
Lorsque Yokozawa expliqua ces détails
à contrecœur, le visage de Kirishima se crispa.
-L'enfoiré ! Si j'avais été là,
il n’aurait pas eu le cran d’essayer de s’enfuir, crois-moi !
gronda-t-il, menaçant. Assure-toi de bien la désinfecter en
rentrant.
Un frisson parcourut le dos de Yokozawa
aux paroles assassines de Kirishima. Il était difficile à cet
instant de savoir s’il était sérieux ou non.
Dans un effort désespéré pour
dissiper cette lourde atmosphère, Yokozawa changea délibérément
de sujet :
-Et tu sais quoi ? La fille que
j'ai aidée, il s’avère qu'elle travaille à temps partiel chez
Marimo ! Apparemment, elle m'a déjà croisé là-bas avant.
J'avoue que j’étais un peu surpris qu'elle m'ait reconnu.
-Le monde est petit, hein ?
-Après tout, je revenais moi-même
tout juste de Marimo, donc je suppose que ça n’était pas non plus
une grande coïncidence.
Dans un premier temps, ça l'avait un
peu déstabilisé que la jeune femme connaisse son nom, mais ses
explications avaient tout éclairci. Matsumoto avait sans nul doute
quitté le travail lorsque Yokozawa avait lui-même fini sa journée.
Étant donné que les commerciaux ne passaient généralement pas
inaperçus, il n’était guère étrange que même les employés qui
ne travaillaient pas en rayon les connaissent.
-Si on était dans un manga, ça serait
un signe, tu sais. Tu es sûr qu'elle n'a pas un peu craqué pour
toi ?
Yokozawa laissa s’échapper un petit
rire moqueur à la réflexion de Kirishima.
-Bien sûr que non.
Ça serait bien embêtant si les filles
tombaient amoureuses de lui juste pour ça. Elle voulait simplement
lui exprimer sa gratitude et le remercier de son aide, voilà tout.
-Elle ne t'a pas demandé ton numéro
de téléphone ou un truc du genre ?
-Non. Nous avons juste parlé sur le
chemin du retour des livres qui se vendent bien ces derniers temps,
de ses collègues… ce genre de choses.
-Elle t’a accompagnée jusqu’ici ?
-Elle devait descendre à la station
suivante et elle était traumatisée par ce qu'il venait de lui
arriver, je n'allais quand même pas la laisser rentrer toute seule
dans un train bondé ?!
Même si la jeune femme lui avait paru
au début très réservée, elle était devenue intarissable quand
elle avait commencé à parler des livres qu’elle avait aimés.
Peut-être avait-elle été simplement exaltée d'apprendre que
Yokozawa partageait les mêmes goûts qu'elle en matière de
littérature.
Elle avait été particulièrement
prolixe quand elle avait dû donner son avis sur un ouvrage récemment
publié. Cela avait l’air à première vue d’une conversation
futile, mais pour Yokozawa, cela signifiait qu'elle parvenait un peu
à oublier sa mésaventure de tout à l'heure…
-Elle a dit qu'elle tenait aussi à me
remercier, mais je ne pouvais pas me résoudre à laisser une fille
plus jeune que moi se plier en quatre pour ça. Alors je lui ai
demandé de vendre des tonnes d’ouvrages de Marukawa pour moi. Ne
suis-je pas un commercial modèle ?
-Je ne doute pas une seconde qu'elle
soit une employée assidue au travail, mais ne m'as-tu pas dit
qu'elle travaillait aux caisses ? Je ne vois pas en quoi elle
pourrait t'aider à vendre plus.
Au commentaire incisif de Kirishima,
Yokozawa se tut. Lorsqu'il lui avait fait cette suggestion, ce détail
ne lui était pas du tout venu à l'esprit.
-… Mais elle pourrait obtenir une
promotion un jour, lui rétorqua-il.
Évidemment, avec le temps, elle
pourrait obtenir un poste plus valorisant que le sien. Même si son
futur poste ne concernait pas les mangas, tant qu'elle pouvait faire
la promotion des livres de Marukawa, cela serait suffisant.
-Bien sûr, elle va certainement faire
de son mieux, si c'est pour tes beaux yeux.
Yokozawa fronça les sourcils à
l'insinuation de Kirishima.
-Qu'est-ce que ça veut dire, ça ?
Si tu as quelque chose à dire, dis-le clairement !
Peut-être était-ce juste le fruit de
son imagination, mais il semblait que la façon de parler de
Kirishima sonnait différemment de d'habitude.
-Laisse tomber… Wouah ! Je meurs
de faim ! Dépêchons-vous, Hiyo nous attend !
-Hé ! N'essaie pas de changer de
sujet !
-D’après toi, qu'est-ce qu’on va
manger ce soir ?
Face à ce changement d'humeur,
Yokozawa se retrouva incapable de cerner la source de ses doutes.
Comme il n’était pas rare pour lui de se retrouver à la merci de
Kirishima, prendre la mouche pour la moindre petite chose reviendrait
à passer son temps à se chamailler.
Ce changement de sujet soudain prouvait
que Kirishima n'avait pas envie de poursuivre sur ce sujet.
-.......
Il était difficile pour Yokozawa de
saisir ce que ressentait Kirishima, étant donné que le type gardait
toujours le contrôle total de lui-même et il soupira en observant
discrètement le profil impassible de l'homme qui marchait à ses
côtés.
A suivre…
Quelle joie de vous retrouver o/ merci pour ce chapitre !
RépondreSupprimerMerci pour chapitre, heureuse de retrouver des nouvelles de notre couple préféré :p
RépondreSupprimerYouhou ! Trop contente d'avoir ce premier chapitre ! et plein d'action en plus !
RépondreSupprimerCa va bien à Yokozawa le rôle de chevalier \(^o^)/
Merci encore pour votre taf, c'est vraiment génial de pouvoir lire ses romans ! *fait une bise à toute l'équipe*
Merci merci pour ce chapitre, c'est avec plaisir que je retrouve ce couple!
RépondreSupprimerKirishima m'a l'air un peu possesif ! Peut être une confrontation entre Matsumoto et Kirishima XD ?
RépondreSupprimerEnfin je m'égare... Merci pour ce chapitre ! Je l'attendais avec impatience, Yokozawa a été vraiment cool sur ce coup-là \(^o^)/
J'ai vraiment hâte de voir le prochain chapitre !!!
Big bisous à toute l'équipe >w<
Kya !! Merci pour ce chapitre !! Je l attendais vraiment !! Yokozawa en chevalier sauveur et kirishima possessif et jaloux , ca commence fort ce deuxieme tome *w* !!
RépondreSupprimerEncore merci pour cette traduction et tout le taf !! ^^ ca fait plaisir de revoir ce magnifique couple ! J ai hate de connaitre la suite !
j'adore j'adore !!!^^
RépondreSupprimersuper chapitre ,vous avez fait un super travail
hâte de lire la suite
merci à toute l'équipe
Trop genial, merci beaucoup pour ce travail. Je suis impatiente de lire la suite !
RépondreSupprimerUn premier chapitre qui nous remet un peu dans l'histoire et une nouvelle apparition, j'imagine très bien les problèmes que vont rencontrer Kirishima et Yokozawa ! ^^'
RépondreSupprimerEn tout cas, je suis trop contente de voir la suite de cette histoire ! =)
Merci pour votre boulot.
Merci pour ce travail formidable , heureuse de vous retrouver =) et aussi retrouver yokozawa san =) bonne continuation !
RépondreSupprimerUn grand merci pour votre travail excellent ! Y'a franchement rien à redire, l'adaptation est parfaite ! Et puis... Moi qui n'aimait pas du tout Takafumi dans le manga (Rhaaa Masamune <3), je l'apprécie vraiment dans les novels... (Même si je dois avouer que je préfère Zen !)
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