vendredi 15 mars 2013

SIH - Yokozawa no Baai - chap 6 - part 2


Titre: Yokozawa Takafumi no Baai
Série: Sekai-ichi Hatsukoi
Auteurs: Nakamura Shungiku et Fujisaki Miyako
Rating: Tout public
Langage: Français
Résumé: Et là, c'est le drame.



-Excusez-moi, Yokozawa-san ? J’ai rassemblé tous les documents pour la réunion de la semaine prochaine au sujet de l'impression des nouvelles publications manga. Pourriez-vous vérifier si tout est au point ?

Plongé dans son travail, le nez sur l’écran de son ordinateur, Yokozawa sursauta à la mention de son nom. Lorsqu’il leva les yeux, il trouva Henmi, debout devant lui, une liasse de documents à la main.

-Oui, bien sûr, j'y jetterai un œil plus tard. Ça me fait penser : les choses se sont assez mal passées le mois dernier. Doit-on craindre la même chose ce mois-ci ?

C’était lors des réunions de réimpression qu'ils convenaient du nombre de tirages d'une publication. Les commerciaux, les éditeurs et les représentants de la distribution se réunissaient pour décider du nombre de livres à imprimer sur la base des chiffres de vente des titres antérieurs de l'auteur et des sondages d’opinion.

Les centrales de distribution, en charge des stocks, ont toujours tendance à demander un tirage moins important, alors que les éditeurs exigent toujours plus, puisqu’ils ont travaillé eux-mêmes avec les auteurs à l'élaboration des ouvrages.

-Non, je pense que cela va bien se passer cette fois ! Les ouvrages à réimprimer dont il est question cette fois se sont tous bien vendus, donc je ne pense pas qu'un titre posera de problème particulier.

-Tant mieux alors. Même s’il ne faut pas imaginer que cette réunion se déroulera sans incident… Vraiment, ils ont l’air d’oublier qui vend réellement les livres !

Selon lui, les prévisions du service commercial étaient les plus réalistes. Ce sont eux qui sont en contact direct avec les magasins qui vendent les ouvrages et leurs données sont généralement élaborées à partir des chiffres des ventes antérieures et de nombreux autres paramètres.

Certes, il comprenait les préoccupations des centrales de distribution, qui ne désiraient pas stocker trop de livres, ou celles des éditeurs, dont seul le travail acharné avait permis aux œuvres de voir le jour. Il fallait simplement trouver le juste milieu.

Mais il est vrai que pour chaque titre qui connaissait le succès, un autre était oublié sur les étagères des librairies.

-C'est vrai… Les centrales de distribution sont rarement d'accord avec nos propositions.

-Eh bien tant pis pour eux !

Henmi fit un sourire amer et se massa les tempes.

-J’aimerais tant que nous ayons une réunion calme et paisible pour une fois !

-Tu peux toujours rêver.

-Ah…

Ayant perdu sa concentration, Yokozawa décida de faire une pause. Après avoir soigneusement sauvegardé le fichier sur lequel il travaillait, il mit son ordinateur en veille. Il joignit les mains et étira ses bras vers l’avant. Il entendit ses articulations craquer. Il était resté assis à son bureau pendant si longtemps qu'il en avait des raideurs dans tout le corps.

D’ordinaire, il serait sur le point de rentrer à la maison, mais il était évident qu'il ne quitterait pas le travail de si tôt.

-Désolé, je vais prendre un peu l’air.

-Pause pipi ?

-Pause cigarette.

Depuis qu'il avait commencé à vivre chez Kirishima, il prenait soin de ne fumer qu'aux heures de bureau. Et c'est pour cette raison que le nombre de ses pauses cigarette avait grimpé en flèche.

Il se leva de son siège et tapota la poche de sa veste pour s'assurer que ses cigarettes étaient bien sur lui. A leur étage, il y avait une zone fumeur entourée de cloisons en verre, dont l'espace était rogné peu à peu par celui des non-fumeurs. De fait, il avait toujours un peu honte de s'y rendre.

-Je devrais peut-être arrêter de fumer…

A l’instant même où il prononça ces mots, il sut pertinemment que ce n’étaient que des paroles en l’air. Il avait parfaitement conscience que c’était très mauvais pour sa santé, mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Pendant le travail, il ne comptait pas les cigarettes qu'il fumait, alors qu'une fois rentré chez lui, il se limitait pour Sorata. Le tabac n'était pas juste un petit plaisir pour lui, il était surtout le moyen le plus rapide de se débarrasser de son stress.

A cet instant, il devait s'en griller une pour mener à bien le travail de la journée, alors « arrêter de fumer », ça sera pour une autre fois.

Se persuadant que ce ne serait l'affaire que d'une seule cigarette, il s’apprêta à pénétrer dans la zone fumeur.

-… !

Yokozawa s’arrêta net quand il réalisa qui se tenait debout dans le fumoir.

Il n'avait même pas besoin de voir son visage ; il l’avait reconnu rien qu’à sa posture.

-… Masamune…

Takano se trouvait effectivement devant lui, seul. Probablement du café noir dans la main, il était là, de dos, appuyé contre le comptoir.

Il lui avait dit et répété cent fois que le café noir était mauvais pour sa digestion et qu'il lui laissait un goût amer dans la bouche, mais Takano n’hésitait pas à prendre un café bien noir lorsque Yokozawa n’était pas là, refusant même de l'adoucir avec un peu de lait.

Peut-être lui aussi faisait-il des heures supplémentaires ce soir-là.

Takano était peut-être tyrannique avec ses subordonnés, mais il était encore plus exigeant avec lui-même. Au début, il s’était inquiété de devoir être le supérieur de personnes plus âgées que lui, mais il avait très vite compris qu'il se devait d’assumer sa position. Il se chargeait donc souvent de deux fois plus de travail que tout le monde.

-… Il a l'air épuisé.

Takano ne montrait jamais ses faiblesses aux autres ; il ne s’épanchait qu’avec Yokozawa. Savoir qu'il était le seul auquel il se confiait… l’avait probablement retenu de renoncer à ses sentiments pour lui.

Sa simple vue suffisait à faire rejaillir ses sentiments envers lui, dont il avait essayé de se débarrasser avec acharnement.

Il l'avait tant aimé, tellement fort… plus fort qu’il n’aurait dû. Et pourtant il savait que cet amour n'était pas réciproque. Alors il avait gardé le silence, heureux de pouvoir être simplement à ses côtés.

C’était Yokozawa qui avait demandé du temps pour prendre du recul, mais il ne savait que trop bien que le temps ne pouvait en rien guérir sa blessure. Il avait cru qu’elle avait commencé à guérir… mais à cet instant, il la sentait se rouvrir douloureusement en lui. Il avait toujours des sentiments pour Takano…

La seule différence, c'est que maintenant, il savait qu'il n'y avait plus aucun espoir.

Résistant à l’envie de s'enfuir, il fit un pas en avant et poussa la porte, en déclarant d'une voix calme :

-Hé, Masamune ! Toi aussi tu fais une pause ?

-Yokozawa…

Takano se retourna, les yeux écarquillés de surprise.

Yokozawa, durant tout ce temps, avait méticuleusement fait en sorte de ne pas avoir à parler à Takano en dehors des heures de réunion. Cela faisait bien longtemps qu'ils ne s’étaient pas retrouvés seuls tous les deux.

Il avait craint qu'en pareille situation, il se retrouve à court de mots, mais il fut soulagé d’être en mesure d’avoir l’air naturel face à Takano.

-Ça va ?

-Ça fait aller.

-Tu manges convenablement ?

-Bien sûr.

-…

-…

Il avait essayé d'engager la conversation, mais sans succès.

S’ils étaient incapables d’avoir une conversation comme avant, c’était probablement parce qu'ils n’étaient pas parvenus à un accord entre eux pour le moment.

-Comment va Sorata ?

-Plus en forme que jamais ! C'est un gros lard, il ne se refait pas.

Ces derniers temps, Kirishima avait pris la vilaine habitude de le gâter continuellement et Sorata venait toujours lui mendier quelques friandises. Mais Hiyori était beaucoup plus stricte vis-à-vis de son régime alimentaire et elle ne manquait pas de garder un œil sur les deux complices quand Yokozawa était absent.

-Alors on dirait que tu es devenu très proche de Kirishima-san ces dernier temps.

Le cœur de Yokozawa manqua un battement à la mention de son nom, comme si Takano avait lu dans ses pensées.

-Nous ne sommes pas si proches que ça. Il m’a juste traîné dans les bars une ou deux fois.

La réponse ambiguë de Yokozawa laissa Takano sceptique.

-Vraiment ? Pourquoi ne pas simplement refuser ses invitations si tu ne l'apprécies pas tant que ça ?

-Ce n'est pas… Ce n'est pas que… C'est juste que …

S’il devait lui révéler tous les détails de cette histoire, Takano finirait par se rendre compte de l'état pitoyable dans lequel il avait plongé Yokozawa cette nuit-là. Et il en était hors de question.

Mais il était tout aussi ennuyeux que Takano pense qu’il s’amusait joyeusement avec ce type.

Mais quand il se tut, à la recherche désespérée d’une bonne excuse, Takano sembla parfaitement indifférent et changea de sujet :

-Cela me rappelle que j'ai essayé de t'appeler hier soir, mais je suppose que tu as dû rentrer tard chez toi.

-Non, je n’étais pas chez moi la nuit dernière. Désolé. Rien de grave ?

Puisqu'il venait d’affirmer qu'il n’était pas proche de Kirishima, il était hors de question d'avouer à Takano qu'il dormait chez lui depuis plusieurs jours. Il savait qu'il n’était pas très habile à cacher son malaise, mais Takano semblait encore plus détaché que d’habitude et n’insista pas.

-Rien de grave, ne t’inquiète pas. Tu étais chez tes parents ?

-Ouais… un truc comme ça.

Lorsque Yokozawa partait en voyage d'affaires et que Takano était trop occupé par son travail pour prendre soin de Sorata, Yokozawa avait pris l'habitude de demander à ses parents de s'occuper du chat.

Ces derniers temps, le personnel du département commercial, Yokozawa inclus, était très occupé. En règle générale, c’était Takano qui prenait soin de Sorata durant ce genre de période, il avait dû penser que Yokozawa n'osait pas lui demander son aide en raison de leurs tensions.

Takano resta muet, l’air peiné.

-…


Il n'avait pas eu l’intention de le mettre mal à l’aise, mais il semblait que ses tentatives pour poursuivre la conversation n’avaient fait qu'aggraver la situation.

A court de mots, il devait endurer patiemment ce silence oppressant. Mais il fut le premier à le briser :

-… Je suis désolé.

-Masamune...

Surpris par ses excuses soudaines, Yokozawa tomba le masque un instant. Mais rapidement, il raidit à nouveau son expression et reprit contenance.

-J'ai… beaucoup réfléchi à tout ça de mon côté et j'ai réalisé que j’étais en tort. C’était toi que j’allais toujours chercher pour obtenir des conseils mais… j’ai abusé de ta gentillesse. Je me rends compte que c'était cruel de ma part. Je n’ai pas pris tes sentiments en considération.

Combien de temps avait-il ruminé leur histoire pour pouvoir lui dire cela aujourd’hui ? Pouvoir faire ainsi le premier pas, avouer ses torts, prendre du recul, il était aux antipodes de Yokozawa qui s'attachait toujours à fuir les sujets les plus importants.

Il aimait cet aspect de Takano, lui qui affrontait les problèmes de front. Il semblait cynique envers lui-même, mais ce n’était qu'une façade pour protéger son cœur fragile et délicat.

C’était sans doute cela qui avait irrésistiblement attiré Yokozawa.

Mais que dire de Yokozawa ? Il avait donné des conseils à Takano en ami proche, en meilleur ami, mais il n'avait pu lui avouer combien il comptait à ses yeux qu’à la toute fin.

S’armant de tout son courage, il prit une profonde inspiration :

-Franchement, tu es rédacteur en chef d'un magazine de shojo manga ! Apprends un peu à lire entre les lignes !

Il se força à afficher un sourire décontracté. C’était la chose la plus honnête qu'il pouvait lui dire à cet instant.

Même s’ils ne seraient jamais amants, il voulait rester son ami. Il ne pourrait probablement plus jamais rencontrer quelqu'un avec lequel il pourrait être si proche.

-Ce n’est plus un problème maintenant. Alors, tournons la page. Je suis désolé pour toute cette histoire. Allons boire un verre ensemble un de ces quatre !

Les mots de Yokozawa allégèrent soudain considérablement le poids sur les épaules de Takano.

-… Oui, avec plaisir.

-Quoique … je vais certainement être occupé pendant un bon bout de temps encore. Il est question de la production d'un anime, autant te dire que j'ai du pain sur la planche. Oh, ça me revient : je dois y aller, j'ai une affaire urgente dont je dois m'occuper tout de suite. Je retourne dans mon service. Comme c'est vendredi, je dois tout terminer avant de rentrer.

Il savait très bien que ce n'était qu'une excuse pathétique, mais il lui fallait trouver quelque chose pour mettre un terme à la conversation.

-Je comprends. Appelle-moi quand les choses se seront calmées.

Takano avait sans nul doute compris la pirouette. Pourtant, il jugeait lui aussi que l’arrêt de leur conversation était la meilleure des alternatives.

-Je n'y manquerai pas. A plus !

Retournant un dernier sourire forcé, il tourna les talons et s’en alla.

S’il avait passé une seconde de plus à ses côtés, l'armure qu'il s’était patiemment forgée se serait brisée en mille morceaux.

-Une dernière chose,…

-Oui ?

-… Salue Onodera de ma part.

-Je le ferai.

Il salua Takano de la main avant de quitter le fumoir.

Quel visage Takano faisait-il à cet instant ?

Il était curieux, à la vérité, mais il n'osait pas se retourner et avança droit devant lui.

Inconsciemment, il avait serré les poings jusqu’à ce que ses ongles s’enfoncent dans sa paume, y laissant des petites marques douloureuses et rouges sur sa peau blême.



A suivre…

15 commentaires:

  1. Pauvre Yokozawa, ses sentiments envers takano sont vraiment très touchants.

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    1. Tu es la seule à le reconnaitre ! J'en suis heureuse XD
      Franchement, ce chapitre est trop horrible... je le déteste T__T

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    2. Bien sûr que c'est touchant ces sentiments ! Je suis dans le même cas de figure que lui, alors je le comprends bien le Yokozawa-sama :'(

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    3. Aah ... cher anonyme ! Cette nouvelle est un espoir pour tout les gens qui traversent de pareils moments ! Il faut garder courage et aller de l'avant :)

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    4. J'aimerais beaucoup Ling-sama, mais c'est vraiment fou comme je me retrouve dans ce que traverse Yokozawa-sama :'(
      Tous les deux nous aimons quelqu'un et ce quelqu'un est attiré par une autre personne... Si ce n'est que dans le cas de Yokozawa-sama, son rival (Onodera-sama) est quelqu'un de bien, même si c'est un tsundere de type B...
      Alors que dans mon cas, Mon Amour est avec une mauvaise personne, une personne qui l'a fait changer... il n'est plus le même...

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  2. Génial. Super bon travail de traduction ;-)
    Je ne peux que vous encourager. J'ai pris plaisir à lire la version anglaise (même si je suis une quiche en anglais). J'en prends encore plus actuellement. Good job ;-)
    Et je sais que je vais adorer la suite de l'histoire :D La tournure que ça va prendre, c'est totalement super cool

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  3. Omoshiroi !!!!!!!! Yokozawa est toujours sensible face à Takano, mais Kirishima sera là plus tard n'est-ce pas ? XD
    Moi aussi j'aurais bien voulue voir la tête de Takano Oo
    Bref, toujours aussi intéressant !
    J'attends la suite avec impatience ! <3

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  4. Ah la partie que j'attendais avec impatience ♥ En fait j'avais tout bien compris en le lisant en anglais xD
    Merci encore pour la traduction et bon courage pour le reste :)

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  5. Yokozawa est trop mignon ! *o* Dire que je l'aimais pas trop dans l'anime parce qu'il était méchant avec Ritsu (même s'il avait de bonnes raisons), j'avoue que je l'adore de plus en plus <3 il est vraiment trop chou avec Takano-san... J'ai trop hâte qu'il tourne la page et entre pleinement dans sa relation avec Kirishima, il le mérite bien !

    Et comme toujours, super trad ! GG ;)

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  6. Grand moment <3 les retrouvailles avec Takano ^_^

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  7. j'ai limite la larme à l’œil à la lecture de ce chapitre. ça me fait pensée à la scène du manga quand Takano rejet les sentiments de Yokozawa.
    Yokozawa est vraiment un personnage attachant qui l'aurait cru.

    Merci de nous faire découvrir les novels qui enrichissent notre connaissance des personnages de SIH.

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    1. Oui, Yokozawa est un personnage très attachant :)
      Nakamura nous a fait une belle surprise avec cette séries de nouvelles ^^

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  8. C'était très touchant. Un peu triste aussi.
    Voir Yokozawa prendre son feutre rouge et barrer douloureusement le nom de Takano de son esprit, c'est quelque chose de dur. J'espère que je n'aurais jamais à subir ça.

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  9. Ho Takano, ca faisait longtemps !

    Ca doit être dur pour Yokozawa de le revoir ( pour Takano aussi ca doit l'être, il doit surement être un peu gêné...)
    J'espère qu'ils redeviendront comme avant et qu'ils pourront se revoir comme des amis normaux ^^

    Je suis pressée que la relation entre Kirishima et Yokozawa évolue^^

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  10. aaa pauvre yoko chan mais j'esper que ses sentiment enver kiri chan von etre plus fort encore que ce qu'il a eu pour takano aller gambade

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Alors ... ça vous a plu ?