dimanche 29 septembre 2013

SIH - Yokozawa no Baai 2 - chap 12 [FIN]


Titre: Yokozawa Takafumi no Baai vol.2
Série: Sekai-ichi Hatsukoi
Auteurs: Nakamura Shungiku et Fujisaki Miyako
Rating: 18 +
Langage: Français
Résumé: Et voici le très long ultime chapitre du volume 2. Apprêtez-vous à lire le plus beau chapitre de l'histoire, et n’hésitez pas à aller chercher une grosse boite de mouchoir.
vous allez passer du rire aux larmes !
Il ne manquera plus que l'omake et le dossier PDF/ Docc qui compilera tout le volume.
Merci d'avoir suivit les aventures de Yokozawa et Kirishima, j'espere que ce tome 2 a comblé toutes vos attentes.                                                                   




Yokozawa émergea lentement des profondeurs d’un sommeil sans rêves dans lequel il avait sombré quelques heures auparavant et regagna peu à peu conscience de son environnement. Son regard confus était rivé sur le plafond de sa chambre.
Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas si bien dormi. D'habitude, c’était son réveil qui le sortait de force de son sommeil chaque matin, mais aujourd'hui Yokozawa se réveilla remarquablement reposé.

-… Je meurs de faim, se dit-il sans réfléchir en s’étirant lentement. Restait-il encore quelque chose à manger dans la cuisine ?

-Tu m’étonnes ! Bonjour ! Alors, comment te sens-tu ?

-Parfaitement bien… attends, quoi ? Qu'est-ce que tu fais là ?

Kirishima s’était introduit dans la chambre de Yokozawa comme si c’était la sienne. Ce dernier n'en croyait pas ses yeux.

-Quoi ? Tu ne te souviens pas ? Alors que j'ai passé toute la nuit à ton chevet, à veiller sur toi ? Espèce d'ingrat !

-Euh…

Les pensées de Yokozawa s’arrêtèrent brusquement de défiler quand son commentaire provoqua en lui un sentiment de déjà-vu. La première fois, il avait pâli sous le choc lorsqu'il avait surpris Kirishima dans sa chambre, mais cette fois-ci, ses joues s’empourprèrent.

Tout ce qu'il avait dit et tout ce qu’il avait fait en croyant se trouver dans un rêve… tout avait donc bien été réel ? Même s’il faisait abstraction du fait que Kirishima l'avait dorloté, il n'arrivait pas à croire qu'il avait dit des choses aussi embarrassantes.

Kirishima rit de bon cœur en voyant Yokozawa tout agité.

-Attends… ne me dis pas que tu pensais vraiment que c’était un rêve ou un truc du genre ?

-… !

Yokozawa ravala sa réponse et Kirishima rit de plus belle.

-Dans le mille, hein ? Je me disais bien que tu étais particulièrement honnête la nuit dernière… Tant pis. Heureusement, tout est enregistré dans un coin de ma mémoire, alors…

-T’as intérêt à tout oublier, et tout de suite !

-Même pas en rêve ! Ce serait vraiment du gâchis de tout oublier !

Yokozawa se massa le front. Il s’était certes bien remis de son rhume, mais une nouvelle douleur avait fait son apparition.

Bon, avec un peu de recul, il se dit qu’il était trop tard pour regretter que Kirishima l'ait vu dans un tel état. Mais peut-être que réagir de façon excessive ne ferait que l’enfoncer davantage. En d’autres termes, s’il pouvait renverser la situation… il ne serait plus la victime des taquineries de Kirishima.

Certes, il ne s’imaginait pas non plus capable d’inverser les rôles, mais ce serait bien s’il réussissait à le lui faire croire.

-… Fais ce que tu veux.

Yokozawa se leva de son lit, dépassa Kirishima en silence et se dirigea vers la cuisine. Il se remplit un verre d'eau et l'avala d'un trait.

-Eh ben, voilà une réponse inattendue… Je t'ai connu plus de mordant.

-Je ne vais pas me prendre la tête avec toi pour la moindre petite chose. Mais dis-moi, tu es vraiment resté ici toute la nuit ?

Il n'y avait pas même un divan sur lequel Kirishima aurait pu dormir. Il y avait bien un futon supplémentaire, mais il était rangé au fin fond du placard de sa chambre. Il ne restait que son propre lit, mais il était occupé… Alors Kirishima avait dit vrai ? Il avait effectivement veillé sur lui toute la nuit ?

-Jusqu’au matin. Je me suis assuré que tu n'avais plus de fièvre et je suis retourné vite fait chez moi. Ah… et ne t’inquiète pas, j'ai aussi donné à manger à Sorata.

-Je suis vraiment désolé de t’avoir dérangé, s’excusa de nouveau Yokozawa.

-Mais tu ne m’as pas du tout dérangé !

-… Merci.

Lorsque Yokozawa changea de ton, Kirishima lui retourna un grand sourire approbateur :
-Mais il n'y a pas de quoi.

Dans ce genre de situation, Yokozawa se demandait parfois s’il ne le voyait pas comme un enfant de l'âge de sa fille. Par moments, il avait vraiment l’impression d’être le dernier des crétins face à lui.

-Quelle heure est-il ?

-14 heures… et des poussières.

-Hein !? Merde, on est totalement à la bourre, là !

Yokozawa, tout affolé, s’empara du téléphone de sa chambre afin de prévenir le bureau de son retard. Son patron allait-il seulement le croire quand il lui dirait qu'il était cloué au lit à cause d'un rhume ? Il n'avait jamais posé un seul congé maladie depuis qu'il avait rejoint l'entreprise.

Il était plus ou moins sur pied à présent, mais il aurait sans doute été plus sage de se reposer un jour de plus. Il se rassurait en se disant qu'au moins, il n'avait aucun rendez-vous de prévu aujourd'hui.

-Qui est-ce que tu appelles ? Tu veux te faire livrer une pizza ? lui lança Kirishima d’un air curieux, quand il vit Yokozawa, le téléphone à la main, essayer de trouver une excuse à donner à son supérieur.

-Mais t’es idiot ou quoi ? J'appelle le bureau, bien sûr ! Et tu devrais faire de même ! cracha sèchement Yokozawa.

Il avait laissé libre cours à son inquiétude : puisque Kirishima était à ses côtés, il séchait lui aussi le travail ! Ils avaient tous les deux accumulé de nombreux jours de congé, mais leurs emplois du temps chargés ne leur avaient jamais permis d’en profiter.

-J'ai posé un jour de congé, en fait. Ils sont capables de se dépatouiller sans moi pour une fois. Et j'ai aussi passé un coup de fil pour toi aussi. Je les ai prévenus que tu étais malade, alors pas de panique.

-Hein ? Mais pourquoi tu es allé leur dire que j’étais malade ?

-Parce que c'est le cas ! Et tu sais ce qu’implique une absence non justifiée, n'est-ce pas ? Quand j'ai eu ton supérieur au téléphone, il m'a dit : « je présume que même les démons peuvent tomber malades de temps en temps ».

-………..

Yokozawa ne put que soupirer devant cette réponse nonchalante. Ces rumeurs incessantes qui circulaient à son sujet au bureau n'auraient jamais de fin. Il n'avait pas d'autre alternative que de les laisser courir sans y prêter attention.

-Bon, maintenant que l'affaire est réglée, file te prendre un bain, je m'occupe de la cuisine.

-Tu t'occupes de la cuisine ?

Yokozawa avait du mal à réaliser ce qu'il venait d'entendre. Kirishima n'était-il pas abominable dans ce domaine ? Que pourrait-il bien cuisiner ? Était-ce même une bonne idée de laisser ce type faire quoi que ce soit dans sa cuisine ?

Face à l'anxiété évidente de Yokozawa, Kirishima se justifia :
-Ne te moque pas, n’oublie pas que je suis papa. Je sais cuisiner un simple porridge, quand même !

-Tu es certain que je peux te faire confiance ?

-Laisse-moi faire.

La confiance que cet homme irradiait était presque effrayante. Cependant, même s’il n'avait pas envie de le laisser seul dans la cuisine, Yokozawa avait furieusement besoin de laver son corps recouvert de sueur.

-Bon, d'accord. Mais n'en fais pas trop, hein…

-Ouais ouais, allez, file.

C'est donc douloureusement réticent que Yokozawa se dirigea vers la salle de bain.

***

Cette douche avait été vivifiante. Il se sentait revigoré.
Yokozawa enfila des vêtements décontractés avant de retourner dans le séjour, où les préparatifs du repas semblaient terminés.

-Déjà ?

-En fait, j'avais tout préparé pendant que tu dormais. Je ne voulais pas rater le plat alors que je m’étais vanté de savoir le faire, tu vois ?

Les plats qui recouvraient la table semblaient être tout juste sortis du réfrigérateur. Quand Yokozawa approcha sa chaise de la table, Kirishima lui servit un bol de porridge.

-C’est suffisant ?

-Pour l'instant, ça ira.

Il avait une faim de loup, pour sûr, mais il préférait goûter la cuisine de Kirishima avant de bien se servir, au cas où. Il leva une cuillère pleine de riz vers lui et fixa pendant quelques secondes la vapeur qui s’en échappait. Yokozawa s'arma de courage.

-Mais… c’est comestible. Je dirais même que ce n’est pas si mauvais.

Le porridge qu'il avait approché avec méfiance de ses lèvres avait un goût tout à fait normal : il ne semblait ni pâteux, ni brûlé. C'était plus que mangeable.

-Tu vois ! Tu remercieras ma mère, c’est elle qui m'a appris cette recette. Je la faisais souvent à Hiyo quand elle avait de la fièvre étant petite.

-Ah, je vois.

Comme il n'avait pas eu beaucoup d'appétit la veille, c’était son premier véritable repas depuis 24 heures. Il vida son bol en seulement quelques coups de cuillère et se resservit une deuxième fois. Il s’arrêta pour reprendre son souffle après son troisième bol.
Même s’il n’était pas encore totalement rassasié, il préféra s’arrêter là. Il pensait que ce serait une mauvaise idée de s’empiffrer alors qu’il n’était pas encore entièrement guéri.

-Merci pour le repas.

-Mais je t'en prie.

Quand Yokozawa avala une dernière gorgée de thé tiède, Kirishima lui rappela :
-Tu devrais reprendre un comprimé. Ton rhume risque de revenir à la charge si tu n'y prêtes pas garde.

-Ouais ouais.

Il déposa son bol dans l’évier et avala les médicaments qu'il avait laissés dans la cuisine. Il rinça rapidement sa vaisselle et retourna dans le salon, où Kirishima buvait un thé.

-… Je peux te demander quelque chose ? s’enquit Kirishima.

-Quoi donc ?

-Ces derniers temps… tu as eu un comportement assez étrange. Quel est le problème ?

-!

A cette question inattendue, Yokozawa ne sut quoi répondre. Quelque chose l’avait en effet tourmenté depuis quelques temps, mais il avait fait en sorte de ne pas le montrer à Kirishima.

-Tu n'es pas obligé de me le dire, si tu n'en as pas envie – du moins, c’est ce que je croyais. Mais tu sais, je ne suis pas devin. Pourquoi ne pas me le dire quand quelque chose ne va pas ?

-……….

-Yokozawa…

Quand il entendit Kirishima prononcer son nom avec tant de douceur, il prit une décision : il ne pouvait plus fuir. Bien sûr, il n'y avait aucune garantie que les choses changent s’il en parlait, mais il aurait au moins le cœur plus léger.

Il s’assit de biais et posa son coude sur le dossier de la chaise. Il n'avait pas le courage de tout lui avouer en lui faisant face. Il ouvrit et referma la bouche à plusieurs reprises avant de trouver ses mots :
-En fait… je me demandais juste si tu étais… vraiment bien… avec moi.

-… Comment ça ?

-Ton appartement est vraiment joli et Hiyo est tellement adorable. Mais… j’ai l’impression que je ne suis pas censé être là, tu vois ?

-……..

Kirishima retint son souffle. Il venait de comprendre ce que Yokozawa tentait de lui expliquer.

-Ta femme, elle… elle est tellement belle et j'ai simplement l'impression… de ne rien avoir en commun avec elle.

Quand il exprima ses pensées profondes, il fut déconcerté de voir à quel point il ressemblait à une adolescente. Il avait tellement apprécié tout ce temps passé chez Kirishima – et c’était peut-être ce qui lui avait fait le plus peur.
Mais se préoccuper d’une telle chose pouvait paraître un peu ridicule et peu viril. Il se préparait déjà à entendre Kirishima s’esclaffer. Mais ce dernier ne laissa échapper qu'un petit soupir de compréhension.

-… Je comprends mieux maintenant. C'est pour ça que tu n'aimes pas faire des câlins quand on est chez moi ?

-………….

A chaque fois que Kirishima avait essayé de le toucher dans son appartement, l’endroit précis où la photo de sa femme était affichée, la honte et la culpabilité l'avaient envahi. Il finissait alors par installer une certaine distance entre eux. Il avait mis du temps à le saisir mais une fois qu’il l’avait compris, son attitude était devenue anormalement maladroite.

-Bon, pour répondre à ta première question : il n’y a que toi et personne d’autre, ajouta Kirishima.

Yokozawa n'avait jamais pensé que Kirishima le considérait comme le substitut de sa femme. Il voulait juste savoir pourquoi il l'avait choisi, lui.

Devant l'expression manifestement insatisfaite de Yokozawa et son silence éloquent, Kirishima répondit avec un doux sourire :
-… bon, je vois que ma réponse ne te satisfait pas.

-…………

-En vérité, je n’aurais jamais imaginé il y a un an qu’aujourd’hui on serait ensemble.

-Moi non plus.

Si on lui avait dit il y a un an qu’ils vivraient quelque chose tous les deux aujourd’hui, il ne l’aurait probablement pas cru. Il aurait sans doute ri au nez de cette personne ou il lui aurait conseillé de ne pas raconter de blagues douteuses.

-Pourtant, je dois avouer que ça fait un certain temps que tu attires mon attention, avoua-t-il sur un ton désinvolte.

-Pardon ?

Yokozawa se retourna sans réfléchir vers lui. C’était la première fois qu'il entendait un truc pareil.

-Je pense que la première fois que je t'ai remarqué… c’était au cours d'une réunion. Je me suis dit quelque chose comme : « wouah, il a sacrement la pêche, ce petit nouveau ! » Et j'ai décidé de te surveiller de près.

-Me surveiller de près ?!

Ces mots peu romantiques firent douter Yokozawa. Mais il semblait avoir bien entendu.

-Tu étais très mordant et sarcastique, mais aussi beaucoup plus terre-à-terre que tu n’en avais l’air. Tu travaillais deux fois plus que n'importe qui. Et puis c’était tellement drôle, ta façon de t’emporter quand on te provoquait.

-Tu commences à me gonfler… J’étais sérieux quand je t’ai posé cette question !

 Il avait l'impression que les commentaires de Kirishima n’étaient pas très sincères et son manque apparent de sérieux commençait vraiment à l’irriter.

-Et je t’ai donné une réponse sérieuse. Je suppose que je n’étais pas encore conscient de mes sentiments pour toi avant de m’asseoir à tes côtés dans ce bar. Tout à coup… ça a fait tilt : j’ai soudainement compris pourquoi j’avais toujours éprouvé un certain intérêt pour toi.

-Que…

La franchise de Kirishima faisait rougir Yokozawa. C’était pourtant lui qui lui avait demandé d’être honnête… mais il n'avait pas prévu que cette confession soit si… embarrassante.

Alors que Yokozawa était en nage, Kirishima lâcha un autre aveu inattendu :
-Et en réalité… ma présence dans ce bar ce soir-là n’était pas vraiment le fruit du hasard.

-Quoi ?

-Je t'avais vu y entrer. Au départ, je ne t’y avais pas suivi, mais je n’arrivais pas à me l’enlever de la tête. Et sans savoir pourquoi, je suis revenu sur mes pas et j'y suis entré à mon tour. C’est là que tu m’as invité à partager ta table.

-Att… attends, attends, attends une minute… qu’est-ce qui t’a pris de revenir sur tes pas ?

Il pleuvait des cordes ce soir-là. C’était le genre de déluge qui faisait réfléchir à deux fois avant même de marcher jusqu’à la gare. Alors Yokozawa ne comprenait absolument pas pourquoi il avait seulement envisagé de rebrousser chemin dans de telles conditions.

-Je viens de te le dire : tu avais éveillé mon intérêt. Mais si je devais te donner une raison, je dirais que j'avais… l’impression qu'il se passerait effectivement quelque chose entre nous.

-………….

-Un peu comme si c’était notre destin ! Je t'ai entendu râler et te plaindre toute la soirée parce que tu t’étais fait rejeter, alors je me suis dit : « ce type devrait tout simplement tomber amoureux de moi ».

-Tu as vraiment des goûts de merde…

Craquer pour un ivrogne qui le tanne pour qu’ils partagent un verre ? Il n'y avait rien de plus stupide ! Mais Yokozawa avait craché cette remarque pour cacher son embarras.

-Mais merde, tu ne pourrais pas être honnête pour une fois ? T’es plutôt censé me dire « Quelle clairvoyance ! » dans ce genre de situation.

-Idiot, répliqua Yokozawa.

Comme s’il était capable de dire une chose pareille…

-Alors, qu’est-ce que tu veux savoir d’autre ? Je devrais probablement te parler de Sakura, n'est-ce pas ? Je crois bien que nous n’en avons jamais discuté auparavant…

Yokozawa frissonna. C’était la première fois qu'il entendait ce nom sortir de la bouche de Kirishima.

-… Ouais…

Nerveux, il hocha la tête et s’assit correctement. Il serait impoli d'écouter quelqu'un parler de sa défunte épouse en lui tournant le dos.

Le regard de Kirishima devint vague pendant un long moment, puis il commença :
-Nous étions… dans la même classe au collège. Elle était déléguée de classe et moi, j'étais le trublion de la classe, donc au départ, nous étions un peu comme chien et chat. Elle me sermonnait tout le temps et je ne pouvais pas l'encadrer.

C’était peut-être un détail, mais Yokozawa se dit que même Kirishima avait été enfant – et ça lui paraissait bizarre. Il ne parvenait pas à s'imaginer quel genre d'enfant il avait été.

-Je crois que j'ai commencé à la regarder comme une femme quand j'ai réalisé que sa santé était fragile. Elle ne le montrait pas devant les gens. Quand je l’ai vue affirmer qu’elle préfèrerait mourir plutôt que de laisser qui que ce soit voir ses faiblesses, j’ai été… subjugué. Peut-être que j’avais toujours été attiré par elle, d'une certaine façon, mais bon, je n’étais qu'un petit collégien à cette époque.

Le cœur de Yokozawa se serra lorsqu’il vit Kirishima afficher un doux sourire au souvenir de sa femme. Il ne savait pas bien comment décrire le sentiment qui le submergeait à cet instant. Mais ça n'avait rien à voir avec de la jalousie –  c’était tout autre chose.

Cette lueur dans le regard de Kirishima qui fixait ses mains… était la même qu’il avait lorsqu’il observait Hiyori parfois – débordant d’amour et de tendresse.

-Je repense à tout ça quand je regarde Hiyo… Les filles ont tendance à mûrir plus vite que les garçons, alors même si nous étions tous deux conscients d’être attirés l'un par l'autre, je n'arrivais toujours pas à me résoudre à faire un pas vers elle. Quand on est entrés dans le même lycée, j’ai continué à me chercher des excuses. C'est elle qui a fini par se déclarer à moi.

-Elle avait l'air d'avoir un sacré caractère !

La femme sur la photo paraissait belle et gracieuse, mais l'image que dépeignait Kirishima était tout autre : c’était celle d'une jeune femme déterminée avec un caractère bien trempé.

-Ouais ! En fait, je ne crois pas avoir jamais eu le dernier mot avec elle. D’ailleurs, c'est elle qui m'a demandé en mariage. Nous avons emménagé ensemble juste après l'université.

Avec son éloquence naturelle et son air insouciant, Kirishima donnait l’air d’être désinvolte… mais il était plutôt sérieux.

-Maintenant que j’y repense… elle voulait peut-être profiter du peu de temps qu’il lui restait pour tout accomplir. Au fil des années, sa santé s’est dégradée et après la naissance d'Hiyori, le processus s'est accéléré… Elle s'est battue comme une lionne, tu sais, mais bon… elle ne pouvait pas gagner.

-……..

Même à son âge, Yokozawa n'avait aucune idée de ce qu'il était censé dire dans un moment comme celui-ci. Il avait beau compatir, il ne serait jamais en mesure de comprendre ce qu'il avait vécu, il n'avait aucune idée de la douleur qu'on pouvait éprouver lorsqu'on perdait l’être cher qui avait partagé sa vie depuis si longtemps.

-… Je crois savoir ce que tu te demandes. Tu te dis : « et si elle était toujours vivante ? », pas vrai ?

-………..

Yokozawa, muet, leva les yeux à la question très perspicace de Kirishima : il avait touché juste.

-L’homme ne peut s’empêcher de se demander sans cesse ce qui aurait pu se passer si tout avait été différent. Je ne sais pas combien de fois j’ai même désiré… revenir en arrière, revivre le passé. Mais il n’y a que le présent.

Les mots de Kirishima touchèrent Yokozawa. Le type avait dû passer un nombre incalculable de nuits à souffrir tout seul. Ses mots portaient en eux le poids de tous les désirs désespérés et de toutes les inquiétudes qu’il avait accumulés en lui jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus.

-A présent, j’assume pleinement mon passé. Encore aujourd'hui, j'aime Sakura et je chéris tous les instants que j'ai passés avec elle. Mais elle n'est plus à mes côtés. Et cette réalité-là, je ne peux pas la changer. C'est ce que j'ai vécu avec elle qui a fait de moi la personne que je suis aujourd'hui…. C'est la même chose pour toi, n'est-ce pas ?

-!

Yokozawa sursauta quand Kirishima s’adressa directement à lui.

« Tu n'es pas obligé d’oublier que tu l’as aimé » : ce conseil que lui avait prodigué Kirishima… provenait peut-être de sa propre expérience. Continuer à aimer quelqu'un… et ne jamais oublier que l’on a pu aimer quelqu’un… étaient deux choses très similaires et pourtant si différentes. Yokozawa le réalisait pour la toute première fois à cet instant.

-Jamais je ne t’ai considéré comme le remplaçant de Sakura. Et je ne t'ai jamais comparé à elle non plus. Honnêtement, on pourrait dire que votre seul point commun à tous les deux… c'est mon souhait de vous rendre heureux.

-…

A la confession de Kirishima, son cœur se serra à nouveau. Alors qu'il luttait contre les émotions qui le submergeaient, Kirishima poursuivit sur un ton différent :
-Tu sais, on se demande souvent qui est-ce qu’on préférerait sauver de la noyade lors d'un naufrage.

-Qu’est-ce que tu racontes tout d’un coup ?

Quand il vit l'expression confuse de Yokozawa, Kirishima lui fit signe de se taire pour le laisser continuer.

-Si je me trouvais dans une telle situation, je sauverais Hiyori. Sans hésitation. Mais après, j'attendrais sur le rivage, confiant, en espérant… que tu nous rejoignes.

Yokozawa eut un petit rire narquois :
-… c'est une jolie pirouette.

Tout en riant, il essuya le coin intérieur de ses yeux, d’où les larmes avaient menacé de s’échapper.

-Et toi, tu me sauverais ?

-Comme si tu avais besoin d’être sauvé par qui que ce soit.

La confiance inébranlable en Yokozawa qu’avait exprimée Kirishima fit disparaître l'angoisse qui rongeait l'esprit de Yokozawa depuis longtemps.

Dans l'exemple de Kirishima, il aurait sans doute fait des pieds et des mains pour sauver Takano, avant même que le type n'ait mis un pied dans l'eau. Il avait été avec lui beaucoup trop protecteur, incapable de réaliser que Takano avait changé. Lorsque Takano avait été au plus bas, il avait eu désespérément besoin d’un soutien, mais ce n’était plus le cas. Non seulement il était aujourd'hui capable d'avoir confiance en lui, mais il avait également trouvé l'envie d'aller de l'avant. Le seul qui était resté coincé dans le passé, incapable d'avancer, avait été Yokozawa.

Et c’était grâce à Kirishima qu’il avait enfin pu juger de sa situation avec du recul.

-Je veux passer le reste de ma vie avec toi, tu sais ? Et toi ?

-Je…

Yokozawa ne voulait pas donner de réponse irréfléchie, alors il prenait son temps pour choisir soigneusement ses mots. Mais Kirishima se méprit sur son silence.

Dans un petit rire amer et sur un ton ironique, il demanda :
-…. alors c'est bien Takano que tu choisis, au final…

-Hein ?

Pourquoi le nom de Takano avait-il surgi dans cette conversation ?

Face à la mine confuse de Yokozawa, Kirishima précisa d’un air évasif :
-Tu ne te souviens pas ? C'est lui que tu as appelé hier dans ton sommeil…

-Oh…

Yokozawa se souvint. Quand il avait senti la présence de quelqu'un dans sa chambre, à demi endormi, il avait appelé Takano sans réfléchir. Cela avait dû blesser Kirishima.

-Je suppose qu’au fond, c’est lui que tu sauverais, n'est-ce pas ? Même si je me demande comment on peut compter sur quelqu'un qui est à peine capable de faire le ménage dans sa propre maison…

-Tu n’y es pas du tout ! répliqua Yokozawa, réfutant dans un mouvement de panique les spéculations infondées de Kirishima.

Il n'avait pas particulièrement voulu que ce soit Takano qui soit à ses côtés. Il avait juste prononcé le nom du seul ami qui était susceptible d’être là.

-Alors quoi ? insista Kirishima, l’air vaguement irrité.

-C'est juste que… je ne m’attendais pas à te voir là hier ! répliqua-t-il, un peu décontenancé. Après tout, je t'avais dit de foutre le camp l'autre jour… alors je ne pouvais pas m’attendre à te trouver là et déduire que ce serait toi !

-Tu sais, je me fiche bien de ce genre de choses…

-… mais au fond, j’espérais cependant… que ce serait toi.

Il se faisait violence pour lui admettre une chose si honteuse, mais laisser un tel malentendu perdurer était bien trop dangereux.

-… Bon sang, mais regarde-moi, au moins, quand tu dis ce genre de choses.

-… !

Yokozawa sursauta quand leurs visages ne furent plus qu’à quelques centimètres l’un de l’autre. Son cœur battait si fort qu'il pouvait sentir son pouls jusque dans le bout de ses doigts.

-Tu es vraiment trop près, là… !

-Gêné ?

-Hé, arrête !

Incapable de se résoudre à croiser le regard de Kirishima, Yokozawa détourna les yeux.

Depuis quelques temps, il avait réalisé… qu’il trouvait que Kirishima avait de beaux traits. Il ne comptait plus les fois où il s’était surpris à l’observer baisser les yeux lorsqu'il lisait un livre ou un magazine. Peut-être avait-il toujours eu un faible pour les personnes attirantes sans jamais l'avoir remarqué.

-Allez, regarde-moi, se plaignit Kirishima, mécontent.

Mais Yokozawa continuait à détourner les yeux, incapable de soutenir son regard.
Kirishima se pencha sur la table et baissa la tête pour chercher Yokozawa des yeux par en-dessous – c'est à cet instant précis que Yokozawa choisit d'attaquer :

-Je t’ai demandé d’arrêter !

-?!

Yokozawa attrapa le col de la chemise de Kirishima, l’attira à lui et l'embrassa. Kirishima se pétrifia, stupéfait, les yeux écarquillés. Yokozawa avait triomphalement remporté la partie.

-Ferme ton clapet pendant un petit moment, ok ? grogna Yokozawa d’un ton autoritaire en lâchant son col.
Certes, il était fier que sa vengeance soit un succès, mais il regretta immédiatement son acte.

-…Wouah, tu es bien entreprenant aujourd'hui. Je n'aurais jamais imaginé qu'un jour tu essaierais de me séduire comme ça…

-Te séduire ? Arrête de te faire des films !

La voix de Yokozawa tremblait face à la réaction inattendue de Kirishima.

-Allez, ne sois pas timide…

-Je ne suis pas tout le temps timide avec toi, tu le sais très bien !

-Excellent ! Alors poursuivons, tant qu'on est encore dans l’ambiance !

-Ne te méprends pas ! Si tu penses que j'ai fait ça pour… Hé ! Laisse-moi ! Qu'est-ce que tu fais ?

-Comment ça « qu'est-ce que je fais » ? Bon sang, mais quel lourdaud ! Tu gâches tout le romantisme !

Yokozawa continuait à protester violemment, mais Kirishima n'y prêtait aucune attention.
Bien au contraire, il lui avait saisi le bras et commençait à le traîner hors de la pièce en feignant l'ignorance. Yokozawa fut alors traîné de force dans sa chambre et jeté sur le bord du lit. Allongé sur le dos, il vit Kirishima grimper sur le lit et se placer au-dessus de lui.

-… !

Prenant conscience de leurs positions, Yokozawa retint son souffle. Kirishima, qui le regardait de toute sa hauteur, le maintenait sur le lit en appuyant sur ses épaules.

-… Nerveux ?

-Tu rêves.

-Je prends ça pour un oui. Comme tu es encore un peu malade, tu n'auras qu'à te détendre et te laisser aller. Ne t’inquiète pas, Hiyori n'est pas là, donc pas besoin de stresser.

-C'est chez moi ici, bien sûr qu'elle n’est pas là.

-Et pas de Sorata non plus. Alors essaye d'en profiter pour te lâcher un peu. Oh, j'oubliais ! Tu ne pourras pas non plus prétexter que tu n’as pas pris de bain.

-……..

Yokozawa réalisa effectivement qu'il venait tout juste de sortir de la douche. Kirishima avait enfin réussi à lui clouer le bec. Il profita de l’occasion pour embrasser Yokozawa. Sa langue qui parcourait sa bouche lui fit oublier tout le reste.

-Ngh… nn…

Bon sang, Kirishima embrassait définitivement comme un dieu. Si Yokozawa avait été debout à cet instant, ses jambes auraient sans nul doute flanché. Il ne détestait pas ces moments d'intimité avec lui… mais il ne supportait pas que ses sens soient mis à nu et exposés aux yeux de l'autre. C’était peut-être pour cela que l'armure qu’il portait constamment pour le protéger était bien épaisse.

-Tu sais… tu étais sacrément mignon cette nuit, pris dans les affres de la fièvre.

-… ngh, pourquoi tu… !

Yokozawa rougit instantanément à l'évocation d’un sujet qu’il aurait préféré clos. Ce n’était déjà pas bon du tout que quelqu'un ait pu le voir dans un tel état délirer de la sorte. Mais il mourrait de honte quand il se rappelait qu’il n’avait pas réussi à faire la différence entre le rêve et la réalité.

-Pourquoi tu ne me souris jamais comme la nuit dernière… alors que tu le fais si souvent pour Hiyori ?

-Quel intérêt d’être jaloux de sa propre fille ? Et si je te souriais tout le temps comme ça, ça serait dégoûtant !

-Non, je ne pense pas. En tout cas, moi j’ai trouvé que c’était mignon.

-… Oh, oui, suis-je bête ! J’avais oublié que tu es du genre à me trouver « mignon » en toute situation… 
Yokozawa finit par baisser sa garde face à ce Kirishima, si sérieux et honnête avec lui et allongea ses jambes sur le lit. C’était ridicule de lui résister maintenant. Il était clair qu’il ne protestait que pour la forme. D’ailleurs, plus Yokozawa s’obstinait, plus Kirishima s'amusait.

-Tu sais, je me surprends parfois à me dire que, même à mon âge, être amoureux n'est vraiment pas une sinécure. Ressentir tant d'inquiétude, regretter toutes ces choses immatures qu'on a pu dire ou faire, se prendre la tête pour le moindre petit commentaire…

Yokozawa était subjugué par le sourire embarrassé de Kirishima. Peut-être que sa manie de se moquer de tout et de faire des commentaires à tort et à travers était un moyen de… dissimuler son angoisse.

-C'est ça de trouver l'amour à l'heure de la retraite.

-Qu'est-ce ce que tu racontes ? Je ne suis pas si vieux que ça ! chouina Kirishima, avant d'éclater de rire.

Si le premier qui tombait amoureux était destiné à souffrir, alors ni l'un ni l'autre ne seraient épargnés.

-… je ressens la même chose, confessa Yokozawa.

-Hein ?

-Je… tu me rends dingue toi aussi, tu sais ? Alors… il est temps que tu prennes tes responsabilités maintenant !

-!

Une nouvelle fois, Yokozawa agrippa d’une main le col de la chemise de Kirishima, le fit basculer vers l'avant et lui vola un baiser. Sa langue se fraya un chemin par-delà ses lèvres, laissant Kirishima muet de stupeur devant ce baiser provocant. Il glissa son autre main à l'arrière de la tête d'un Kirishima franchement hébété et approfondit le baiser.
Oubliant toute retenue et toute honte, il parcourut fougueusement la bouche de Kirishima. Il savait qu’afficher une once de timidité à cet instant signerait sa perte.

Il sépara lentement leurs lèvres et murmura :
-Là, tu peux dire que je te séduis !

Même s’il regrettait déjà son audace, il lui était impossible de faire marche arrière.

***
 -… ghg… !

Le souffle court, Yokozawa avait beaucoup de mal à supporter la tension. Avec l’aide d’une crème qui remplaçait le lubrifiant, il faisait de son mieux pour que le sexe de Kirishima soit le plus profond possible en lui.

Il espérait que l'autre n'oubliait pas qu'il se remettait de son rhume. Il savait que c’était sa faute, que c’était lui qui avait provoqué Kirishima au départ, mais cette position était vraiment inconfortable.
Yokozawa avait pensé que les choses seraient différentes s’il regardait le type de haut, mais le regard que lui adressait Kirishima était toujours le même : caressant et brûlant. De fait, Yokozawa était encore plus gêné de se retrouver au-dessus.

-Qu'est-ce qui ne va pas ? Tu vas me faire débander bientôt…

-… Tais-toi !


Yokozawa n'aurait jamais imaginé qu'un jour, il manquerait le travail pour grimper comme ça sur un autre homme au beau milieu de l’après midi, en pleine semaine…
Au commentaire pressant de Kirishima, il essaya de bouger… mais sans succès. Peut-être que sa maladie avait épuisé toutes ses forces. Il se força néanmoins à s’appuyer sur ses genoux pour soulever ses hanches, en se jurant silencieusement de faire jouir Kirishima en premier.

Dieu qu’il détestait son sourire satisfait… A chaque fois qu'ils faisaient l'amour, Yokozawa pensait toujours qu'un de ces jours, il lui ferait ravaler cet odieux sourire sarcastique… mais ce jour n’était pas encore venu.

-Mets tes mains là et appuie-toi dessus pour que tes hanches se soulèvent…

-Je sais ce qu'il faut faire !

Pourquoi fallait-il toujours que ce type la ramène ? Il n'avait nullement besoin des conseils de cet enfoiré, qui l'avait mis dans une position aussi inconfortable.

-Bon, on ne va jamais s'en sortir…

-…. Ah !

Perdant patience, Kirishima souleva son bassin.

-Maintenant garde tes hanches dans cette position.

-Ngh… ah… ah !

Le mouvement brutal de Kirishima déclencha en Yokozawa un léger frisson qui parcourut tout son corps alors qu'il luttait désespérément pour tenir la position. A chaque fois qu'il sentait ses jambes défaillir, un nouveau coup de hanche l’ébranlait et Yokozawa laissait échapper des cris incohérents.
Il serra les dents quand l’envahit le plaisir qui se confondait presque avec la douleur. Soumis aux coups de hanche impitoyables, il sentait ses entrailles s’embraser, l’intensité menaçant de le submerger.

-Aaah… ah…

Les assauts prirent finalement un rythme régulier. Il sentait ses genoux trembler et ses entrailles palpiter à chacun de ses à-coups.

-C'est pas que je n'aime pas la vue d'ici, mais je ne vais pas tenir longtemps.

-Quoi… ?

Kirishima contracta ses muscles abdominaux et se releva d'un coup. Il profita de son élan pour faire basculer Yokozawa sur le dos.
Une fois leurs positions inversées, il lui écarta les cuisses.

-Qu'est-ce que tu…

-Ouais, c'est beaucoup mieux comme ça… s’exclama Kirishima, manifestement satisfait, alors qu'il s’introduisait à nouveau en lui.

Yokozawa voulut lui rappeler qui lui avait demandé au départ de se mettre au-dessus, mais les sons qui passaient ses lèvres étaient bien trop sensuels pour exprimer son mécontentement.

-Han… !

Son sexe gonflé de désir, pressé contre son ventre, attendait sa libération. Le peu de raison qu’il lui restait était emporté par les mouvements de va-et-vient qui embrasaient ses sens. Ses mains, qui agrippaient jusque-là les draps, saisirent fermement le corps de Kirishima. Le visage de se dernier se crispa de douleur – ou de plaisir – quand Yokozawa enfonça ses ongles dans sa peau.

-… Ça va ? demanda Kirishima, qui se doutait bien de la réponse.

-Ne… demande pas…

Il ne comprenait pas pourquoi Kirishima lui posait en permanence des questions auxquelles il savait que Yokozawa ne répondrait pas.

-Parce que pour moi, c’est tellement bon que j’en mourrais… murmura Kirishima d'une voix rauque en accélérant le rythme de ses assauts.

-… !

L'intensité de leur étreinte balaya son esprit. Peu à peu, Yokozawa se sentait perdre pied.

-Ah… Ah… !

Et ce fut dans une ivresse de plaisir que la passion de Yokozawa finit par éclater.

***

-Tu vas bien ?

-Bien sur que non !

Même si Yokozawa s’était remis de son rhume, ils avaient vraiment exagéré. Même sa gorge, qui avait pourtant été épargnée par son rhume, semblait irritée. Il saisit le verre que Kirishima lui tendait et but un peu d'eau pour soulager sa gorge sèche.

Lorsqu'il rendit le verre vide à Kirishima, ce dernier lui offrit un grand sourire.
-Désolé, dit-il dans un petit rire.

-Tu n'es pas désolé du tout ! grogna Yokozawa en voyant son sourire espiègle.

Le comportement irresponsable de ce type commençait à lui courir sur le haricot.

-Bon… je crois qu'il est temps que je t'avoue une dernière chose. La raison pour laquelle je t'ai enlevé tes sous-vêtements ce soir-là, à l’hôtel : c’était parce que je voulais voir comment tu réagirais.

-Tu… QUOI ?

-Eh bien, réfléchis… Même si tu vomissais tes tripes ce soir-là et que tu salissais tes vêtements, ça n’aurait pas suffi à justifier l’absence de tes sous-vêtements. Ça m'a tué, parce que tu as réagi exactement comme je l'avais prévu.

Yokozawa, dans une colère noire, serra les poings et éleva la voix contre un Kirishima plié de rire au souvenir de la scène :

-Arrête de déconner ! As-tu la moindre idée de ce que j’ai pu ressentir à l'époque !?

C’était une bien vilaine farce, même si elle n'avait pas été destinée à lui faire du mal. Certes, c’était de la faute de Yokozawa s’il avait tellement bu qu’il avait oublié la moitié de la nuit, mais Kirishima n'avait pas le droit de se moquer de lui de cette façon.

-Hum, j’imagine que tu as dû te prendre la tête pour savoir s’il s’était bien passé quelque chose, n'est-ce pas ?

-… !

Il ne pouvait pas se résoudre à ajouter un mot de plus, tremblant de rage et de honte. Yokozawa se demandait depuis longtemps comment il pourrait venir à bout de cet aspect désagréable de la personnalité de Kirishima. Il n'avait pas envie d'en faire un ange, mais ce type devait vraiment faire quelque chose pour son esprit tordu et son goût pour les gamineries de ce genre.

-Ah ! Maintenant que j'y pense… tu sais, c'est peut-être préférable que tu n'emménages pas tout de suite chez nous.

-Hein ?

Face à un Yokozawa confus par le brusque changement de sujet, Kirishima croisa les bras et hocha la tête.

-Après tout, nous avons besoin d'un endroit où l’on puisse se retrouver seuls tous les deux, sans personne pour nous déranger. Tu t’inquiètes toujours pour Hiyo quand on est chez moi, n'est-ce pas ?

-Ne fais pas de mon appartement ta garçonnière !

-On n’a pas vraiment le choix, en même temps. Tu dis toujours que tu ne veux pas aller à l’hôtel. Ou alors… tu ne veux vraiment pas te retrouver seul avec moi ?

-C'est… ce n'est pas…

C’était vraiment injuste de lui poser une question pareille… Yokozawa ne pouvait pas lui mentir.

Alors que Yokozawa cherchait ses mots pour lui répondre, Kirishima se pencha vers lui et murmura tendrement à son oreille :
-Parfois, je te veux pour moi tout seul.

-… !

Un frisson parcourut tout son corps. Alors que quelques minutes auparavant, il était vert de rage, il ne put s’empêcher de se laisser emporter par ces douces paroles.

A l’amour comme à la guerre… Si cet adage disait vrai, alors il n’était pas dans le camp des vainqueurs.

***

Hiyori devait rentrer aujourd'hui. Kirishima avait pris sa voiture pour aller la chercher à l'aéroport tandis que Yokozawa préparait le dîner à la maison. Le plat du jour était une salade de nouilles chinoises.

Conscient qu'ils seraient de retour d'une minute à l'autre, Yokozawa lava à l'eau froide les nouilles qui venaient d’être cuites et les mit dans une assiette propre. Alors qu’il ajoutait l'assaisonnement et la garniture qu'il avait finement ciselés, il entendit des bruits de pas dans le couloir. Il se rinça les mains dans l'évier. Lorsque la porte du genkan s'ouvrit, il arrivait à leur rencontre.

-Oniichan, Tadaima !

-Okaeri, Hiyo.

Hiyori, qui s’était élancée en courant vers lui, était toute bronzée. La peau de ses petites épaules que sa robe dévoilait commençait déjà à peler. Lorsqu'elle retira ses sandales, on put clairement voir une marque de bronzage sur ses pieds.

Semblant s’être réveillé pour saluer Hiyori, Sorata traversa l'appartement d’un pas lent et vint se frotter contre ses jambes alors qu'elle rangeait ses chaussures.

-Sora-chan ! Tadaima ! Merci de vous être occupé de Sorata pendant mon absence !

Hiyori prit Sorata dans ses bras et le chat frotta sa tête contre son visage.

-Je t'ai rapporté des souvenirs, Sora-chan ! Attends-moi là, je vais les chercher !

Elle fouilla dans les poches de son sac pendant un moment avant d’en sortir un ruban bleu.

-C'est un collier ?

-Yep ! Grand-mère m'a appris à faire du crochet, donc j'ai fait ça !

-Wouah, c'est vraiment pas mal !

Le collier avait un petit fermoir à l’arrière et une petite cloche à l'avant. Elle avait sans doute choisi la couleur bleu ciel à cause de son nom, Sorata (NdT : Sorata veut dire ciel en japonais).

Elle retira son ancien collier et fixa le nouveau autour de son cou. Le bleu ciel semblait parfaitement convenir à son pelage noir et blanc.

-C'est incroyable… Regarde-toi Hiyo, tu es toute bronzée ! Tu t'es bien amusée chez ta grand-mère, alors ?

-Ouais ! C’était super ! Je me suis même fait de nouveaux amis ! On va s’écrire des lettres. Oh ! Et à l'aéroport, Papounet m'a aussi acheté du papier à lettres trop mignon !

-Je vois.

Yokozawa ne pouvait pas s’empêcher de sourire en entendant son bavardage si joyeux. Ça avait été beaucoup trop calme ici sans elle ces derniers jours. Maintenant il avait l’impression que les choses étaient enfin revenues à la normale.

-Oh ! Et je t'ai ramené quelques souvenirs, à toi aussi, Oniichan ! Mais grand-mère me les a envoyés, alors je ne pourrais te les donner que demain…

-Eh bien, demain va vite arriver, tu sais. Je suis très impatient de voir ça.

-Yep ! Moi aussi !

Kirishima fit enfin son apparition, le courrier de sa boîte aux lettres à la main.

-Tadaiiima ! Hiyo, Yuki-chan a envoyé une carte postale de ses vacances.

-C'est vrai ? Wouah, il y a même des timbres étrangers collés dessus !

Hiyori scrutait avec beaucoup d’intérêt la carte postale que Kirishima lui avait donnée.
Si les souvenirs de Yokozawa étaient bons, Yuki-chan avait dit à Hiyori qu'elle partait avec sa famille à l’étranger pour les vacances. Elle avait probablement envoyé une carte postale à Hiyori dès qu’elle y était arrivée.

-Allez, ne restons pas plantés là… Nous avons des nouilles chinoises à dîner ce soir !

Hiyori leva les bras au ciel et sauta de joie à l'évocation du menu.

-Mais comment tu as su, Oniichan ? J’avais justement envie de manger des nouilles chinoises pour le dîner !

-En fait, moi aussi j'en avais envie. Maintenant, filez vous laver les mains tous les deux avant de passer à table.

-Oui chef…

Après les avoir envoyés dans la salle de bain, Yokozawa mit la table. Il y avait du pudding au dessert, mais il ne le servirait qu'en temps voulu.

-Wouaaaah, ça a l'air délicieux !

En voyant le repas trôner sur la table, Hiyori ne put s’empêcher d'exprimer son excitation. C’était vraiment gratifiant d'avoir un public si admiratif devant sa cuisine, même s’il y a six mois, il n'aurait jamais pensé qu’il ferait à nouveau appel à ses talents culinaires un peu rouillés.

En s’installant sur sa chaise, Hiyori demanda innocemment :
-Alors, qu'est-ce que vous avez fait pendant mon absence ?

-… On était très occupés par le travail.

Il ne pouvait décemment pas lui dire ce qu'il s’était passé entre eux durant son absence.

Mais Kirishima ne voyait pas cela du même œil :
-Nous nous sommes bien amusés nous aussi, juste tous les deux.

-… !

Yokozawa décocha un coup de pied à Kirishima pour son insolence mais ça ne sembla pas affecter le type, qui continua de plus belle :
-Mais… pourquoi tu rougis comme ça, Takafumi ?

Ses joues s’embrasèrent. C’était la toute première fois que Kirishima prononçait son prénom.

-Arrête ça. Tout. De suite !

Même sans un miroir sous la main, il savait qu’il devait être rouge comme une tomate.

-Ooooh, il s'est passé quelque chose durant mon absence ? Allez, dites-moi !

-Absolument rien… il est temps de manger. Tes nouilles vont se gorger d'eau sinon.

-Allez, Oniichan !

Ignorant sa protestation, Yokozawa se carapata dans la cuisine. Il eut beau s’éventer avec ses mains, son visage resta obstinément brûlant.


FIN

19 commentaires:

  1. Merci beaucoup!!! J'ai adoré cette histoire <3
    Es-ce que il y a une suite? :)
    Merci à toute l'équipe

    RépondreSupprimer
  2. C'est déjà la fin c'est nul ! :/
    Mais c'était super surtout le dernier chapitre et surtout quand Kirishima appelle Yokozawa par son prénom eheh :3 ♥

    RépondreSupprimer
  3. Géniiial merci infiniment !!!

    RépondreSupprimer
  4. Ah mais quelle fin de volume *o*
    Alors là oui ce volume 2 a comblé amplement mes attentes !!!

    RépondreSupprimer
  5. Waouuuaaaa! trop bien ! Merci pour votre travail .
    Je suis désespérée que ce soit déjà fini ! ils sont si attachants, je les adore ! je l'ai lu aussi doucement que j'ai pu mais c'est passé trop vite !
    Nell

    RépondreSupprimer
  6. Je suis triste que ça soit déjà fini, mais c'était tellement bien !
    Merci beaucoup !

    RépondreSupprimer
  7. Merci beaucoup c'etait trop bien mais aussi trop court... allez vous aussi traduire les volumes 3 et 4. En tout cas encore merci pour votre travail.

    RépondreSupprimer
  8. Déjà fini ? (⊙_◎)
    Mais c'est trop bien °A° Cette fin de tome est tellement mignonne ! J'ai adoré <3
    Merci encore pour votre travail !!

    RépondreSupprimer
  9. Qu'elle merveille! J'ai tellement ris et cette scène d'amour, ENFIN!!!
    Merci encore pour ce que vous faites! J'attends le fichier pdf avec impatience pour me relire ces deux volumes!

    RépondreSupprimer
  10. Nyaw trop bien il sont trop cute tous les deux je les adore... Et the scène de sexe ! trop bon ! Ils sont vraiment bien assortit...

    Mais je suis aussi très triste que ce tome soit fini T-T J'en veux encore !!! *¬*

    Merci encore pour cette traduction vous êtes géniales <3

    RépondreSupprimer
  11. Parfaaaiiiittttt !!!!!!!!!! Merci beaucoup à vous, en espérant que vous continuer dans cette voie en nous offrant encore de bons moments en leur compagnie

    Arigato :D

    RépondreSupprimer
  12. Oh, c'est la fin…
    Chuis triste T_T
    Merci infiniment pour votre travail pour ce tome et celui d'avant, encore une fois. J'ai hâte que vous commenciez à traduire le prochain. >_<
    Yokozawa ! Tu es trop mignon ! *s'enfuit en évitant la casserole que Yokozawa a lancée*

    RépondreSupprimer
  13. OH !! c'était super j adore la fin, le milieu, tout en fait. Merci beaucoup vivement la suite bon courage

    RépondreSupprimer
  14. Merci beaucoup pour la traduction! Et bravo pour ce second tome bouclé! Hate de voir la suite!

    RépondreSupprimer
  15. waaaaaa..... merci pour ce chapitre ! il était si bien qu'il n'y a pas de mots pour decrire ca ! Je suis triste que le tome 2 se termine si vite
    yokozawa se rend compte que c'est bien la réalité et non un rêve ^^', ensuite les confessions trop kawaii, je crois que c'est cette partie la que j'ai preferé >w<... Et Kirishima a appelé Yokozawa par son prénom !!! c'était génial (depuis le temps que j'en rêve !) ! ( quand hiyo leur demande innocemment ce qu'ils ont fait pendant son absence ca m'a fait mourir de rire ^^' ). La fin était toute aussi magnifique. Ce couple est tellement beau ! Encore merci beaucoup pour cette traduction !! vivement la suite !!

    RépondreSupprimer
  16. ah c'est magnifique!! c'est jousiif!! on passe du rire au larme, on rigole tout seul, c'est traduit magnifiquement!!!!!!! merci vous etes merveilleux

    RépondreSupprimer
  17. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

    RépondreSupprimer
  18. -Je… tu me rends dingue toi aussi, tu sais ? Alors… il est temps que tu prennes tes responsabilités maintenant.
    J'ai lâché directement un fou rire x) O M Gosh, franchement merci pour cette traduction je suis plus que satisfaite, continuer à donner le sourire aux fans

    RépondreSupprimer
  19. Wahoo !!! Merci pour votre travaille, j'ai adoré ce chapitre et c'est super cool que Yokozawa prenne ENFIN des initiatives !

    RépondreSupprimer

Alors ... ça vous a plu ?